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José Ramos-Horta : «Personne ne veut être responsable d'un échec à Paris»

L'ancien président et prix Nobel de la paix 1996, José Ramos-Horta, conduit la délégation du Timor Oriental à la COP21 et est l'un des principaux négociateurs des Pays les moins avancés (PMA). Il revient sur les enjeux de cette conférence climat pour son pays dont l'économie repose sur le pétrole.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'ancien président José Ramos-Horta, chef de la délégation du Timor Oriental, lors d'une conférence de presse le 10 décembre 2015 pendant la conférence climat de Paris.  (Geopolis/FG)

Qu'attend leTimor Oriental du futur accord de Paris? 
Maintenir le réchauffement en deçà de 1,5°C. C'est ce que veulent tous les pays en particulier les Pays les moins avancés (PMA), dont je suis l'un des représentants. Par ailleurs, nous souhaitons que de sérieux engagements financiers soient pris pour assister les PMA, les petits Etats insulaires et d'autres pays en voie de développement afin qu'ils puissent faire face aux effets du réchauffement climatique tout en se développant de façon durable. De même, des mécanismes financiers simples doivent être mis en place pour ne pas créer de lourdeurs bureaucratiques supplémentaires. Nous en avons déjà beaucoup quand nous traitons avec l'Union européenne et les Nations unies.

Je suis très optimiste. Si ce n'est pas demain (vendredi 11 décembre 2015, date de la fin de la COP21), nous parviendrons à un accord samedi (12 décembre 2015). Car personne ne veut être tenu pour responsable si nous quittons cette ville sans un accord juridiquement contraignant, dont chacun pourra se dire en conscience qu'il est le meilleur eu égard à la gravité et à l'urgence de la situation. 

Quel est l'impact des changements climatiques sur votre pays et qu'est-ce que cela représente en termes de coûts? 
Cela est difficilement quantifiable. Mais les pluies sont devenues imprévisibles, ce qui handicape toute planification quand il s'agit d'assurer notre sécurité alimentaireQuand j'étais enfant, nous savions que le 1er novembre exactement la saison des pluies commençait. Le principal impact est lié à l'imprévisibilité et à l'instabilité du climat. Ce qui affecte l'agriculture, la pêche et les forêts. Et quand les pluies arrivent, elles détruisent les routes. Nous avons dépensé des dizaines de millions de dollars pour les réparer ces dernières années.Tout cela est financé presque à 100% par le Timor Oriental grâce à ses revenus pétroliers. Nous produisons un peu de pétrole et de gaz, notre sort est par conséquent plus enviable comparé à d'autres PMA. Nous ne dépendons pas de l'Union européenne ou de l'Australie pour financer notre budget. 


Les energies renouvelables seraient à long terme plus bénéfiques que les ressources fossiles. Quel est votre avis sur la question? 
Le coût de l'énergie solaire, par exemple, qui reste encore très onéreux pose problème. En Europe, l'Allemagne et l'Espagne font beaucoup dans ce domaine parce que le secteur est largement subventionné par l'Etat. Mais qui va financer nos panneaux solaires dans les pays pauvres? Quand vous êtes un pays riche européen, c'est facile de se tourner vers le solaire surtout quand il est subventionné. S'il y a beaucoup d'investissements dans cette énergie aujourd'hui, dans vingt ans ou moins, toutes les technologies développées seront plus abordables. Pourquoi un pays comme le mien n'attendrait-il pas simplement ce moment? Cependant, si dès à présent, des financements importants sont disponibles, nous nous mettrons tous au solaire !

Qu'est-ce qui vous inciterait aujourd'hui à renoncer au pétrole et à opter pour le renouvelable?
Nos revenus issus de l'exportation du pétrole et du gaz sont faciles à évaluer. Selon l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), nous avons le meilleur système de gestion des ressources pétrolières en Asie. Et au classement mondial, nous occupons la troisième place. De même, il est possible d'évaluer nos besoins en matière d'éducation, de santé et de sécurité alimentaire. Si les Européens et les Américains sont assez généreux pour nous donner l'exact équivalent, si quelqu'un est prêt à s'engager sur les trente prochaines années - la période couverte par notre plan de développement -, nous sommes prêts à renoncer à notre pétrole. 

Comment vivez-vous le paradoxe d'être à la fois un pays producteur de pétrole et une victime du réchauffement climatique? 
Simplement parce que notre contribution au réchauffement climatique est insignifiante : 0,0000...%. Vous pouvez mettre autant de zéros que vous souhaitez après la virgule. Nous sommes totalement innocents et plutôt des victimes. Nous exploitons le pétrole et le gaz, en consommons bien évidemment une partie, mais nous le vendons surtout au Japon. Et à l'instar des Etats-Unis et de l'Europe, il ne me semble pas que, dans un avenir proche, les Japonais renonceront à la consommation de pétrole et de gaz.   




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