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L'activisme islamiste en Asie du Sud-Est

Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Dix ans après l’attentat de Bali attribué à la Jemaah Islamiyah, les mouvements islamistes sévissent toujours en Asie du Sud-Est, région identifiée comme le second foyer islamiste après le Moyen-Orient. Et ce, même si l'Indonésie et les Philippines, appuyées par les Occidentaux, traquent l’activisme jihadiste dans cette partie du Globe.

Les années 2000 voient émerger dans l'Indonésie musulmane la Jemaah Islamiyah (lien en anglais), fondée dans les années 80 par des Indonésiens exilés en Malaisie. Le credo des militants, dont quelque 200 s'entraîneront par la suite dans des camps en Afghanistan et au Pakistan, instaurer un califat sur une partie du sud-est asiatique. Première opération d’envergure, l’explosion de la Bourse de Jakarta en 2000.

Abu Sayyaf (lien en anglais), créé en 1991, a pour zone d'influence le sud des Philippines (où vit une importante communauté musulmane dans ce pays à majorité chrétienne), notamment l'archipel de Sulu (Jolo, Basilan, Mindanao). Certains de ses membres, également formés au Jihad (guerre sainte) dans les mêmes camps, ont étudié ou travaillé dans l'Arabie saoudite wahabbite.

Abu Sayyaf s’illustre le 23 avril 2000: il enlève 21 personnes, dont dix touristes, sur l'île malaisienne de Sipadan. La plupart sont libérées contre rançon, mais plusieurs otages philippins et un Américain sont exécutés. La Malaisie, plutôt tolérante dans les années 80 avec les intégristes, a durci sa politique à leur encontre. L’armée malaisienne surveille aujourd'hui étroitement ses îles des Célèbes, à fort potentiel touristique.


A la rencontre des Abou Sayyaf, islamistes liés à Al-Qaïda

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France 24, le 15 mai 2009 (reportage de 16,46 minutes)


L’internationale terroriste se constitue autour d’Al-Qaïda
Les attaques du 11-Septembre sur le sol américain revendiquées par Al-Qaïda, puis l'invasion de l'Afghanistan par les troupes américaines, finalisent le rapprochement entre le mouvement d’Oussama ben Laden et la nébuleuse sud-asiatique.

Le 12 octobre 2002, la Jemaah Islamiyah lance une triple attaque à la bombe dans un bar balinais de Kuta (202 morts dont 88 Australiens). En février 2004, Abu Sayyaf incendie un ferry au large de Manille (116 morts).

Les Etats-Unis et l'Australie organisent la riposte avec l’Indonésie. Aux sud des Philippines, Washington envoie (et maintient depuis) 600 soldats (lien en anglais) dans la région de Mindanao en soutien à l’armée locale. Plusieurs cellules sont démantelées et trente-trois Indonésiens impliqués dans le triple attentat sont condamnés, dont trois à la peine capitale.

Des mouvements affaiblis mais toujours actifs
Si les dissidences entre partisans des actions radicales et ceux qui les refusent au motif qu'elles tuent des victimes musulmanes fissurent l’édifice terroriste autant que les ripostes militaires concertées, les cellules se recomposent autour d'hommes charismatiques. Le leader de la Jemaah Islamiyah, considéré comme l'instigateur des attentats de Bali, Abu Bakar Bashir, aujourd'hui en prison, est aussi le chef spirituel de l'organisation Jemaah Ansharut Tauhid, qu'il a fondée en 2008 et dont les membres seraient impliqués dans des attentats commis en Indonésie.

Abu Sayyaf ne compte plus que 300 membres contre plusieurs milliers à la fin des années 90. Mais depuis l'arrêt des transferts de fonds en provenance du Moyen-Orient, il multiplie les enlèvements d'étrangers et de Philippins dans les îles du Sud, où le pouvoir central peine à faire respecter la loi et où les postes politiques sont occupés par des seigneurs de guerre. Les extorsions représentent aujourd'hui quelque 90% de son financement.

Le 2 février 2012, un raid aérien sur Jolo décapite les deux mouvements: trois dirigeants d’Abu Sayyaf et de la Jemaah Islamiyah meurent dans l'opération menée au lendemain de l'enlèvement d’un Suisse et d’un Néerlandais sur l'îlot de l'archipel des Sulu, Tawi-Tawi. Le début de la fin ?

Un point positif pour le sud de l'archipel philippin: après trente ans de guérilla (150.000 morts), la rébellion séparatiste du Front islamique de libération Moro a entamé des négociations de paix avec le gouvernement en 2011.

Le directeur général de la police philippine, Jesus Versoza, le 25 février 2010, signale sur un tableau l'arrestation de Mujibar Alih Amon, un membre d'Abu Sayyaf. (AFP PHOTO/TED ALJIBE)
Umar Patek et son épouse Siti Ruqayah, le 2 novembre 2011 à Bali pour une reconstitution. Patek, arrêté à Abottabad au Pakistan début 2011, est accusé d'avoir confectionné les explosifs des attentats de Bali en 2002. (AFP PHOTO / ADEK BERRY)
Juste après l'explosion dans un bar fréquenté par des touristes occidentaux à Kuta, Bali (Indonésie), le 13 octobre 2002. (AFP PHOTO/ DARMA)
Abu Bakar Bashir, leader de la Jemaah Islamiyah, le 14 juin 2006. Considéré comme le chef spirituel des auteurs des attentats de Bali en 2002. (AFP PHOTO/JEWEL SAMAD)
Le 13 septembre 2000, la bourse de Jakarta subit une attaque imputée à la Jemaah Islamiyah, le 13 septembre 2000. (AFP PHOTO/OKA BUDHI)
L'armée philippines traque les preneurs d'otages de Sipadan sur Jolo, où se trouve leur camp, le 5 mai 2000. (AFP PHOTO/JIMIN LAI)
Les otages de Jolo, pris en photo par leurs geôliers, le 1er mai 2000. (AFP PHOTO)

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