Népal : une économie ravagée par le séisme
La violente secousse a semé le chaos dans la capitale Katmandou, le poumon économique du pays himalayen. Miné par l'instabilité politique depuis la fin de la guerre contre les rebelles maoïstes en 2006, le Népal, très exposé aux tremblements de terre, va devoir s'atteler à un effort massif de reconstruction qu'il ne peut mener seul.
«Le séisme a un impact dévastateur sur l'économie du Népal, qui est un pays très pauvre et a des capacités extrêmement limitées pour financer les secours et la reconstruction en comptant sur ses seules ressources», explique Rajiv Biswas, chef économiste pour l'Asie-Pacifique du cabinet IHS. «Le coût à long terme de la reconstruction du Népal, en appliquant les critères de reconstruction des bâtiments situés dans des régions menacées par d'importants séismes, pourrait dépasser 5 milliards de dollars, soit environ 20% du PIB», ajoute-t-il dans une note.
«Une aide internationale massive pour les secours est nécessaire de façon urgente, tout comme une assistance financière et technique de grande ampleur pour la reconstruction de l'économie à long terme», estime Rajiv Biswas.
Le Népal affiche un PIB par habitant de seulement 1000 dollars, selon IHS. Conséquence : de nombreuses familles vivent dans la pauvreté, comptant sur l'agriculture et, de façon croissante sur le tourisme, pour joindre les deux bouts.
L'agriculture emploie 70% de la population et contribue pour quelque 30% au PIB népalais, selon le site du cabinet IHS. La tragédie du 25 avril 2015, la plus grave du Népal depuis le séisme de 1934 qui avait tué entre 10.000 et 20.000 personnes, a dévasté routes et bâtiments. Ce qui a pour effet de paralyser les communications.
L’importance du tourisme
Selon un responsable de la Banque asiatique de développement, quelque 40% du pays ont été touchés. «Les gens ont perdu leur maison et leurs biens. Le gouvernement va devoir, lui, estimer les pertes en infrastructures», souligne Bishamber Pyakurel, économiste basé à Katmandou. «La croissance va être touchée. (…) 36 districts (sur 75) ayant été affectés, il est peu probable que les prévisions de croissance soient tenues. Les temps s'annoncent difficiles», a-t-il ajouté.
La probable hausse des prix de l'alimentation va accroître les difficultés des familles qui ont tout perdu. «La demande en produits de première nécessité augmente mais l'offre est limitée», précise l'économiste.
La croissance a atteint 5,48% en 2014 au Népal, selon des statistiques officielles. Soit une nette amélioration par rapport aux +0,16% enregistrés au plus fort de l'insurrection maoiste en 2002. La guerre civile a fait plus de 16.000 morts. Le gouvernement a commencé à redresser le pays en dépit des rivalités politiques qui bloquent l'approbation d'une nouvelle Constitution.
Le Népal compte de façon croissante sur le tourisme, qui représente environ 4% du PIB et 15% des entrées de devises. Il a ainsi attiré près de 800.000 visiteurs étrangers en 2013 venus faire du trekking dans l’Himalaya ou du tourisme culturel à Katmandou. La tour Dharahara, l'une des attractions majeures de la capitale sur la place du Durbar, est en ruine. «Katmandou est le cœur de l'économie du pays et se retrouve paralysée», constate un ancien ministre des Finances, Madhukar Shumsher Rana. Au-delà, c'est tout le pays qui est durement touché.
Panique à Katmandou
BBC News, vidéo mise en ligne le 26 avril 2015
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.