Le président des Philippines Rodrigo Duterte se rend au Japon le 25 octobre 2016. Sa campagne antidrogue où il appelle au meurtre des toxicomanes, fait la une des medias. Parallèlement, des programmes de désintoxication sont mis en en place au niveau local pour trouver d’autres solutions. Le photojournaliste Erik De Castro s’est rendu dans différentes provinces des Philippines pour en témoigner.
Comme en Chine, le shabu, la méthamphétamine, une drogue au prix dérisoire mais extrêmement addictive, fait des ravages dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est. Sa consommation est en perpétuelle augmentation. Le 23 octobre, la police de la province chinoise du Guangdong (sud-est) a saisi deux tonnes de shabu. Au cours des trois premiers trimestres de l'année, la police locale a traité 15.000 affaires liées à la drogue, arrêté 19.000 suspects et saisi 14,7 tonnes de drogues.
Pour remédier à ce fléau qui engorge les services de santé et déchire les familles, de nombreux pays n’hésitent pas à mettre en place des politiques extrêmes. Les mesures les plus radicales ont été prises aux Philippines. Le président, Rodrigo Duterte, a ainsi déclaré une guerre sans merci aux dealers mais aussi aux utilisateurs en lançant une campagne pour tuer tous les drogués.
Il a autorisé la police à assassiner les drogués qu’ils connaissaient dans leur entourage sans aucune autre forme de procès. Depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau président en juin 2016, 3.000 personnes auraient été ainsi assassinés.
Cette guerre contre la drogue aurait poussé bon nombre d’usagers de stupéfiants à s’enregistrer auprès des autorités pour participer à un processus de désintoxication appelé «abandon». Sur 1,8 million de consommateurs de stupéfiants (le pays compte 100 millions d’habitants), 700.000 se sont enregistrés pour y participer.
Les programmes pour aider les drogués sont peu nombreux. Actuellement, seuls 44 établissements privés et publics confondus permettent d’accueillir au total 7.200 personnes. Mais le gouvernement vient de lancer un «méga» centre de désintoxication, financé par un don de bienfaisance chinois du promoteur immobilier Huang Rulun. Il pourra accueillir 10.000 patients. Suite au voyage du président philippin à Pékin mi-octobre, une coopération dans la lutte contre la drogue a été décidée entre les deux pays.
Quatre autres centres du même type devraient rapidement voir le jour dans le pays. En attendant, seuls des centres privés, dirigés en grande partie par l’Eglise catholique et en lien avec les autorités locales, essayent de répondre aux demandes croissantes de ceux qui veulent participer à ces programmes de désintoxication.
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