Birmanie : deux journalistes de Reuters condamnĂ©s Ă sept ans de prison pour avoir enquĂȘtĂ© sur un massacre de rohingyas
Les deux journalistes ont été condamnés pour "atteinte à la sécurité de l'Etat".
La condamnation est tombĂ©e. Deux reporters de Reuters accusĂ©s d'"atteinte au secret d'Etat" pour avoir enquĂȘtĂ© sur un massacre de musulmans rohingyas par l'armĂ©e en Birmanie ont Ă©tĂ© condamnĂ©s lundi 3 septembre Ă sept ans de prison. Wa Lone, 32 ans, et Kyaw Soe Oo, 28 ans, en dĂ©tention prĂ©ventive depuis dĂ©cembre 2017, risquaient une peine de 14 ans de prison au terme de ce procĂšs trĂšs controversĂ©, dans un pays oĂč l'indĂ©pendance de la justice est sujette Ă caution.
Les deux reporters birmans de l'agence de presse sont accusĂ©s de s'ĂȘtre procurĂ© des documents relatifs aux opĂ©rations des forces de sĂ©curitĂ© birmanes dans l'Etat Rakhine, rĂ©gion du nord-ouest de la Birmanie, thĂ©Ăątre du drame rohingya. Ils enquĂȘtaient sur un massacre de membres de la minoritĂ© musulmane dans le village de Inn Dinn. Quelques jours aprĂšs leur arrestation, l'armĂ©e a reconnu que des soldats et des villageois bouddhistes avaient tuĂ© de sang-froid des captifs rohingya le 2 septembre 2017, et sept militaires ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă dix ans de prison pour ce massacre.
L'ONU demande leur libération
Ce verdict intervient dans un contexte de grande tension entre la Birmanie et la communautĂ© internationale : lundi dernier, des enquĂȘteurs de l'ONU ont publiĂ© un rapport Ă©voquant un "gĂ©nocide" des Rohingyas et accusant directement l'armĂ©e, mais aussi le silence d'Aung San Suu Kyi, Ă la tĂȘte du gouvernement civil depuis 2016. Et mardi, la question de la poursuite des militaires birmans devant la justice internationale a Ă©tĂ© dĂ©battue au Conseil de sĂ©curitĂ© de l'ONU.Â
En 2017, plus de 700 000 Rohingyas ont fui vers le Bangladesh, face aux violences commises par les forces armĂ©es birmanes et des milices bouddhistes, une rĂ©pression qualifiĂ©e par l'ONU de "nettoyage ethnique", et mĂȘme dĂ©sormais de "gĂ©nocide". AprĂšs le jugement, l'ONU a demandĂ© la libĂ©ration des deux reporters. De son cĂŽtĂ©, l'agence Reuters dĂ©nonce des "accusations montĂ©es de toutes piĂšces".
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