Camp de réfugiés rohingyas au Bangladesh : un médecin décrit "un bidonville immense" où "les gens vivent les uns sur les autres"
Zouhair Lahna, médecin humanitaire franco-marocain, a expliqué, jeudi sur franceinfo, que "ces Rohingyas n'étaient pas suivis médicalement là où ils étaient en Birmanie" alors qu'il revient d'un voyage de dix jours dans le sud du pays.
Le médecin humanitaire franco-marocain Zouhair Lahna s'est rendu pendant dix jours, avec l'Union des organisations de secours et des soins médicaux (UOSSM), dans le sud du Bangladesh, où s'entassent des centaines de milliers de Rohingyas, qui fuient les persécutions en Birmanie. Invité de franceinfo jeudi 28 novembre, il a décrit "un bidonville immense", "une prison à ciel ouvert" où "les gens vivent les uns sur les autres". Selon lui, entre "900 000 et un million de personnes" sont présentes dans ce camp de réfugiés, "le plus grand au monde".
C'est "une vision chaotique, un peu difficile à décrire", "tout le monde est sous le choc de voir qu'un camp aussi mal organisé puisse exister", a expliqué Zouhair Lahna. "Nous sommes partis pour opérer les patients un peu délaissés parce que les services du Bangladesh ne traitent que les urgences", a poursuivi le médecin, pour qui "la situation sanitaire est préoccupante" avec un "risque d'épidémies".
Présence de maladies rares
"Ces Rohingyas n'étaient pas suivis médicalement là où ils étaient en Birmanie. C'est pour cela qu'on trouve des maladies rares, des goitres géants ou des becs-de-lièvre non soignés à l'âge de 5-6 ans. Preuve qu'on les oublie", a souligné Zouhair Lahna.
Les accouchements constituent un autre problème : "Les femmes accouchent dans leurs tentes. Une femme est décédée la semaine dernière", a témoigné Zouhair Lahna, qui compte retourner rapidement au Bangladesh avec l'UOSSM pour "mettre en place un hôpital" ou "travailler dans un hôpital" du pays afin d'y assurer "des accouchements 24h/24". "Pour l'instant, il n'y a que deux blocs opératoires pour un million de réfugiés, ce n'est pas suffisant", a pointé le médecin.
Zouhair Lahna a dit "espérer" qu'avec l'arrivée du pape François, jeudi au Bangladesh, "il y aura, au moins, de l'apaisement pour que ces gens soient moins persécutés".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.