Selon le président de l'Observatoire du nucléaire, "le pire est très certainement en cours"
Selon l'agence de presse Jiji, les autorités nucléaires japonaises jugent très possible que des barres de combustible nucléaire aient fondu ou soit en train de fondre à la centrale de Daiichi. Si tel est le cas, la cuve du réacteur pourrait être endommagée, estiment les experts. Reste à déterminer comment la cuve va résister et si elle a été ou non endommagée par le séisme de vendredi.
Selon Stéphane Lhomme, le président de l'Observatoire du nucléaire, “on est possiblement dans une situation comparable à Tchernobyl mais qui est restreinte à l'intérieur de l'enceinte de confinement, mais la pression monte à l'intérieur, et donc le risque c'est que l'enceinte de confinement explose, vole en éclats et à ce moment là le nuage radioactif serait libéré...Pour faire baisser la pression, les autorités nucléaires du Japon relâche de la radioactivité à l'extérieur, ce qui met en danger les populations... On est très certainement dans le 3ème ou 4ème accident le plus grave du nucléaire mondial et malheureusement c'est une situation évolutive. On ne sait pas ce qui va se passer dans les heures qui viennent. Une catastrophe nucléaire peut se produire dans les heures qui viennent, car il est impossible de récupérer un cœur en fusion...Le pire est très certainement en cours...”
Yannick Rousselet, chargé des questions nucléaires à Greenpeace France, dresse lui aussi un constat pessimiste. “Je pense que l’on est en train de vivre une situation similaire à celle de Three Miles Island. L’explosion d’hydrogène a soufflé le bâtiment du réacteur. On se retrouve maintenant avec des combustibles à l’air libre, un système que l’on a pu voir plus tôt à Tchernobyl. On s’oriente vers l’un des plus graves accidents nucléaires que l’on ait connus. A Tchernobyl, la réaction de souffle avait été immédiate, ici elle a été très lente, mais au fur et à mesure des étapes on se dirige assez inéluctablement vers ce résultat. On fait face à un fort risque d’irradiation pour les personnels. Je pense qu’il n’y a plus rien à faire, à partir du moment où les systèmes de la centrale sont hors d’usage, la situation est quasiment inéluctable. ”
Les anti-nucléaires ne sont pas les seuls à s'inquiéter. Ainsi Olivier Gupta, le directeur adjoint de l'Autorité de sureté nucléaire qualifie sur France Info la situation de “sérieuse”: “Certaines informations font effectivement état du fait qu'une partie du cœur (du réacteur) ne serait plus sous eau. C'est une information qui mérite d'être confirmée. Par ailleurs ce que l'on sait c'est que l'exploitant met en place des dispositions pour permettre le refroidissement du cœur du réacteur...C'est une situation qui me parait sérieuse. ”
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