Attentat à Istanbul : reportage au cœur du quartier des terroristes
Quatre jour après le triple attentat à l'aéroport international Atatürk d'Istanbul en Turquie, qui a fait 44 morts selon le dernier bilan, l'enquête avance. Vendredi, la police turque a arrêté onze ressortissants étrangers soupçonnés d'appartenir à une cellule stambouliote de Daech. Au total, 24 personnes ont été interpellées depuis l'attentat.
On sait que les terroristes sont arrivés il y a un mois en Turquie, avec des passeports russe, ouzbek et kirghiz. Ils ont séjourné dans le quartier d'Aksaray, une plateforme migratoire en plein coeur d'Istanbul où transitent les réfugiés syriens avant d'aller tenter leur chance en Europe. Un quartier connu pour être le quartier des passeurs.
Des terroristes discrets
A travers la vitrine de son agence immobilière Hasam a une vue imprenable sur l'appartement des terroristes, situé juste en face. Mais derrière les rideaux tirés, il n’a rien vu, les hommes ont pris beaucoup de précaution.
"Ils ne sont même pas sortis sur le pas de la porte. Ils ont fait des provisions, ils se sont barricadés dans la maison. Imaginez ! Même les habitants de l'immeuble ne les ont jamais vu en 32 jours " raconte-t-il.
De chez lui, on peut voir le message écrit à l'encre rouge sous la fenêtre des terroristes : "On ne veut pas de responsable politique qui abritent Daesh ".
Erdal a croisé le chemin des terroristes
"Oui c'est bien lui ", assure Erdal, en montrant la photo des terroristes, publiée en Une de tous les journaux turcs. Ce plombier du quartier a croisé le kamikaze russe trois jours avant les attentats, lorsqu'il est venu réparer un robinet d'eau dans leur appartement, juste à côté de sa petite boutique.
"C'était un homme entre 30 et 35 ans, avec une barbe naissante, d'environ 1m 70" , se souvient-il.
"Il parlait le turc avec un accent azéri. D'après son allure, on n'aurait jamais pu soupçonner qu'il était l'un des terroristes", ajoute Erdal.
Erdal n'a fait qu'une brève visite mais se souvient que les portes des chambres étaient fermées. Il note aussi ce détail : "J'ai senti une odeur de gaz, j'ai pensé qu'il devait faire la cuisine. Les autres habitants de l'immeuble avaient déjà senti cette odeur ". Le plombier se félicite encore de ne pas avoir posé de question : "j'ai bien fait, sinon, ils auraient pu penser que j'avais des soupçons ".
Ce n'est pas la première fois que des djihadiste viennent se cacher à Aksaray. Dans ce quartier de passeurs, très peuplé, où transitent les réfugiés syriens qui veulent gagner l'Europe. En janvier dernier, les kamikazes de l'attentat-suicide sur l'esplanade des mosquées a Sultanhamet y avaient séjourné. Comme Erdal, les habitants d'Aksaray voudraient que le gouvernement vienne faire le ménage.
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