Attentat contre l'ambassade de France en Libye : la signature d'Aqmi ?
"La France attend des autorités libyennes que toute la lumière soit faite sur cet acte inacceptable, pour que les auteurs soient identifiés et traduits devant la justice ", lance François Hollande dans un communiqué. "C'est une atteinte très, très grave aux intérêts français ", a martelé Jean-Marc Ayrault. Sauf que le Premier ministre ajoute qu'il ne dispose d'"aucune revendication, aucune information" sur cet attentat.
Tôt ce mardi matin, une voiture piégée a donc explosé devant l'ambassade de France, à Tripoli. Deux gendarmes ont été blessés, l'un légèrement, l'autre plus grièvement. Ce dernier a pu être opéré dans la journée. Les dégâts sont considérables. Selon le ministre libyen de l'Intérieur, la voiture piégée a été garée devant la porte de l'ambassade quelques instants seulement avant l'explosion.
"Cet attentat aurait pu être absolument un carnage. Il s'en est fallu de quelques minutes. Si le personnel avait été effectivement là, ça aurait été un drame épouvantable" , a enchaîné Laurent Fabius, avant de s'envoler pour Tripoli, où il est arrivé dans l'après-midi. Il a ensuite tenu une conférence de presse conjointe avec son homologue libyen Mohamed Abdelaziz. Laurent Fabius a qualifié l'attentat de "lâche et odieux ", assurant que Tripoli a promis
de trouver les coupables et les punir.
Pourchassés sous Kadhafi, les islamistes règlent leurs comptes
Pourquoi une voiture piégée a-t-elle explosé, tôt ce mardi matin, devant l'ambassade de France, à Tripoli ? C'est la première fois, depuis la chute du régime de Kadhafi, qu'une représentation française est visée par une attaque.
Depuis, le nouveau pouvoir a bien du mal à faire régner l'ordre sur un territoire immense. Des armes circulent, les milices armées sont assez libres de leurs mouvements, notamment dans le sud du pays, désertique.
Les violences sont souvent imputées à des islamistes radicaux, pourchassés sous Kadhafi, qui règlent aujourd'hui leurs comptes. "Nous sommes dans une période cruciale et certains veulent déstabiliser la Libye" , a asséné le vice-Premier ministre libyen, Awad al Barasi, qui s'est rendu sur place.
La faute à l'intervention français au Mali ?
Les groupes armés jihadistes - le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) - visés par l'intervention française dans le nord du Mali, avaient menacé en représailles de s'attaquer aux intérêts français. Une menace prise très au sérieux.
Et puis, il y a cette menace directe, vendredi dernier, d'un porte-parole d'Aqmi sur Twitter : "Repousser l'agression de la France est une obligation poru chaque musulman, pas seulement pour Al-Qaïda" .
Pour Mathieu Guidère, spécialiste d'Al-Qaîda et professeur à l'Université du Mirail à Toulouse, cet attentat est directement lié à l'intervention militaire française au Mali. "L'intervention au Mali a poussé un certain nombre d'éléments radicaux du nord du pays vers la Libye" , explique-t-il, "des menaces très claires ont été proférées par l'ensemble des groupes djihadistes dans la région contre la France et contre les intérêts français" . Cette action est pour lui un "avertissement plus qu'autre chose" , car elle a eu lieu tôt le matin, lorsque peu de personnes étaient présentes.
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