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Bagdad, Dacca, Istanbul, Médine: Daech et al-Qaïda, l’effroyable concurrence
La frontière idéologique entre al-Qaïda et Daech vole en éclats. Après des défaites militaires et sur la défensive dans les rares villes qu’elle occupe encore, l’organisation djihadiste Etat islamique veut supplanter al-Qaïda dans «le terrorisme global». L'ONU s'inquiète du retour des terroristes dans leur pays d'origine et des risques d'attentats.
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Au lendemain du triple attentat-suicide à l'aéroport international Atatürk d'Istanbul, qui a fait 41 victimes, al-Qaïda a pris ses distances en affirmant que «les Turcs sont musulmans et que leur sang est sacré». Bien que désigné par les autorités turques, Daech, pourtant prompt à revendiquer sur les réseaux sociaux, est resté silencieux. Comme souvent quand un attentat cible la Turquie, avec qui il entretient des relations schizophréniques. En 18 mois, l’Etat islamique a ciblé trois fois le pays d’Erdogan, y faisant 160 morts. Et plus de 800 blessés, hors ses bases (Irak, Syrie et Libye).
Parricide
Plus Daech perd des territoires, plus il internationalise le djihad, occupant le terrain d’al-Qaïda. Les deux organisations poursuivent les mêmes objectifs mais différaient sur les moyens d’y parvenir. Djihad global avant d’instaurer un califat pour al-Qaïda, califat avant d’exporter le djihad global pour Daech. Or, la situation a changé : Daech perd ses bastions un à un et recule dans ses derniers fiefs (Raqqa en Syrie, Mossoul en Irak et Syrte en Libye). L’organisation qui préférait les ennemis à portée de fusil (Kurdes, chiites, rebelles sunnites) jusque-là a décidé de globaliser le terrorisme.
Au nom «du fils et du père», al-Qaïda et Daech ont une relation de filiation. Le second est né de la scission avec l’ancienne organisation d’Oussama Ben Laden. Le 9 avril 2013, naît l’Etat islamique en Irak et au Levant ou Etat islamique en Irak et al-Sham, plus connu sous son acronyme arabe Daech ou Isis en anglais.
«Hérétiques, renégats et agents de la CIA»
Les deux organisations djihadistes sont en guerre larvée, s’accusant mutuellement de «Khawarij» (hérétiques, expression consacrée désignant généralement les chiites), de suppôts de l’Occident et d’apostasie. L’Etat islamique a désigné nommément les cibles à abattre : les combattants d’al-Nosra (affiliés à al-Qaïda) en Syrie, accusés de recevoir des aides américaines, et le fondateur des Mourabitoune et ancien chef d’al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), Mokhtar Belmokhtar. En Libye, al-Qaïda a réussi à chasser Daech de deux localités, notamment de Derna, après des affrontements meurtriers.
Quelques jours avant de perdre Falloujah, l’Etat islamique a commencé à préparer les esprits à un djihad global. Dans des messages postés sur les réseaux sociaux, il affirme que son combat se poursuivrait même s’il perdait ses derniers fiefs. C’est la première fois qu’il évoque l’hypothèse une organisation extraterritoriale, l’identique d’al-Qaïda. D’où une porosité de la frontière idéologique séparant les deux organisations terroristes.
Vidéo 2:#ArabieSaoudite attentat-suicide à Médine,2ème ville sainte de l'islam, proche de la Mosquée du Prophète pic.twitter.com/StTW5ks8t7
— Ahmad PARHIZI (@APARHIZI) July 4, 2016
«Les combattants terroristes étrangers sont très nombreux en Irak et en Syrie, et sont à peu près 30.000. Et maintenant que l'espace vital de Daech se réduit en Irak, on les voit revenir vers nous, pas seulement en Europe, mais dans leurs pays d'origine comme la Tunisie, le Maroc. Les attaques terroristes dans les pays d'origine risquent d'être de plus en plus fortes pour contrebalancer la pression qui se fait sur eux», avertit Jean-Paul Laborde, directeur du Comité contre le terrorisme de l'ONU.
Eloignée des projecteurs médiatiques, al-Qaïda n’en est pas moins active dans plusieurs régions du monde : Afrique de l’Est, au nord de l’Afrique sub-saharienne, au Yémen et en Afghanistan. Le leader d'al-Qaïda, l’Egyptien Ayman al-Zaouahri, a prêté allégeance au nouveau chef des taliban afghans, Haibatullah Akhundzada. En Afghanistan aussi, Daech et al-Qaïda se livrent à une guerre impitoyable. Comme si, à la fin de cette guerre, une seule des deux organisations devrait survivre. Laquelle?
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