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Birmanie : les partisans d'Aung San Suu Kyi y croient

Les partisans de l'opposante Aung San Suu Kyi ont explosé de joie dimanche, à l'issue de la première consultation générale libre en 25 ans en Birmanie, un scrutin qui doit parachever la transition amorcée en 2011 par les ex-dirigeants militaires.
Article rédigé par franceinfo
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  (Aung San Suu Kyi, 70 ans, est allée voter dimanche dans un bureau de Rangoun où elle a été accueillie par des cris de "Victoire ! Victoire !" parmi la foule rassemblée sur place © REUTERS/Jorge Silva)

Les premières élections libres depuis 25 ans. Plus de 80% des 30 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes ce week-end pour les premières élections libres dans le pays depuis 25 ans. Il n'y aura pas de résultat définitif avant plusieurs jours, mais les partisans de la Ligue nationale pour la démocratie s'attendent à une victoire écrasante. Une victoire qui devrait pour la première fois propulser au pouvoir l'opposante Aung San Suu Kyi après des décennies de lutte contre la junte militaire.

"On y croit ! "

Au siège de la Ligue nationale pour la démocratie dimanche soir, la foule était en ébullition sûre de sa victoire, comme Ti Tsar Win, fasciné par les premières images du dépouillement retransmises sur les écrans géants : "J’ai soixante ans et je n’ai jamais été aussi excité de ma vie. C’est un événement historique, incroyable" , dit-il. 

Il y a pourtant beaucoup de preuves d’irrégularité qui sont remontées des bureaux de vote, certains électeurs se sont retrouvés sur plusieurs listes à la fois, des centaines de milliers d’autres n’ont pas eu le droit de s’inscrire. C’est le cas pour la minorité musulmane de Rohingya. Mais ça ne change rien à l’enthousiasme des partisans du changement. So Lu In, qui travaille régulièrement à Singapour, en est convaincu, c’est ‘heure du réveil Birman. "Il faut qu’on se remette debout, qu’on revienne dans le jeu de la concurrence avec les autres, on pourrait même redevenir un pays riche. On y croit ! Ça prendra du temps mais si on améliore notre économie, notre politique et notre éducation on y arrivera ", affirme-t-il.

Des inquiétudes malgré tout

Malgré tout, beaucoup ici se demandent si les militaires, qui dirigent toujours le pays en sous-main, vont bien respecter le résultat des urnes. Le commandant en chef a beau affirmer que les choses ne se passeront pas comme en 1990 quand le scrutin avait été annulé, beaucoup de Birmans restent extrêmement méfiants. Il faut dire qu’un quart des sièges du Parlement reste attribué d’office à des militaires, des positions ministérielles leurs sont réservées, la Constitution leur donne aussi le droit d’outrepasser les décisions du gouvernement dans certaines circonstances.

"Ce n'est pas encore le moment de féliciter nos candidats ", même si "nous pensons qu'ils ont gagné "

Aucun officiel ne s’est encore exprimé sur le déroulement du scrutin. Quant à l’ancien Prix Nobel de paix, elle reste prudente, jugeant qu'il est "trop tôt " pour célébrer les législatives de dimanche. "Je pense que le peuple a déjà une idée des résultats même je ne dis rien ", a déclaré lundi Aung San Suu Ky depuis le balcon du siège de son parti. "Ce n'est pas encore le moment de féliciter nos candidats ", même si "nous pensons qu'ils ont gagné ".  La Ligne nationale pour la démocratie revendiquait ce matin 70% des sièges. "Nous gagnons avec plus de 70% des sièges à travers le pays. Mais la commission électorale n'a pas encore annoncé les résultats ", a déclaré Win Htein, porte-parole du parti.

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