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JO de Rio: les messages politiques ne sont pas les bienvenus dans les stades

Depuis le 5 août 2016, les JO de Rio sont assombris par le contexte politique chaotique qui règne au Brésil. En plus des sifflets à l'encontre du président par intérim, Michel Temer, lors de la cérémonie d'ouverture, le comité d'organisation olympique multiplie les mises en garde et la police les arrestations parmi les militants qui accèdent aux stades.
Article rédigé par Valentin Pasquier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des JO à Rio sous haute tension (dessin de Valentin Pasquier) (VP)

Peu de chefs d'État ont fait le déplacement pour la cérémonie d'ouverture des JO de Rio. Ils n'étaient qu'une quarantaine le 5 août, contre 70 à Londres en 2012 et même 80 à Pékin quatre ans plus tôt.

Une classe politique conspuée
De tous les facteurs, c'est sans doute le contexte politique chaotique au Brésil qui a le plus découragé ces officiels visiteurs. La présidente Dilma Rousseff n'a pas pu accueillir ses pairs: suspendue de ses fonctions depuis mai pour maquillage des comptes publics, elle est en attente de sa procédure de destitution, qui devrait être officialisée fin août par une commission spéciale du Sénat brésilien. Refusant d'être releguée au second plan, elle a boycotté la cérémonie d'ouverture où elle était pourtant invitée.

 

«Je suis triste de ne pas assister à la fête, «en direct et en couleurs». Mais je regarderai et applaudirai le Brésil»

C'est le vice-président Michel Temer, 75 ans, qui, en son absence, représente la tête de l'État. Personnage tout aussi controversé et peu populaire, il est apparu sous les huées lors de la cérémonie d'ouverture et s'est rapidement éclipsé après avoir déclaré «les Jeux olympiques de Rio officiellement ouverts»



Dans le public, des messages politiques
Le comité organisateur des Jeux a fait part de son agacement face à la prolifération de pancartes hostiles au président par intérim. «Nous avertissons le public que ce type de manifestations n'est pas autorisé à l'intérieur des stades» a rappelé son porte-parole, Mario Andrada. De fait, les revendications politiques sont interdites par la Charte olympique dans les enceintes sportives.

«#DICTATURETEMER: Un manifestant vient d'être arrêté pour avoir crié «dehors Temer!» pendant la demi-finale de tir à l'arc»

En plus de garantir la sécurité aux abords des sites olympiques, les forces de l'ordres ont procédé à la confiscation de banderoles et à l'expulsion des spectateurs aux messages politiques trop austentatoirs. Samedi, lors du match de football féminin opposant la France aux États-Unis à Belo Horizonte, des supporters arborant des tee-shirts «Fora Temer!» (Dehors Temer!) ont été écartés du stade.

Le ministère de la Justice a indiqué qu'un spectateur a été exclu de la demi-finale de tir à l'arc pour avoir crié «Fora Temer!», car ce sport exigeait le silence. Plusieurs vidéos amateurs partagées sur les réseaux sociaux montrent des arrestations de manifestants pacifiques par la police brésilienne. «Incroyable! Exprimer une opinion vaut d'aller en prison à présent!» s'est indignée sur Facebook la sénatrice du Parti des travailleurs Gleisi Hoffman, soutien de Dilma Rousseff.



Un dénouement prévu après les JO
Mais n'y a pas que dans les stades que la colère se fait entendre. Le dimanche 31 juillet, les pro-Rousseff ont défilé dans les grandes villes du Brésil pour protester contre ce qu'ils dénoncent comme un coup d'État du vice-président Temer. Il ont été rejoints dans les rues par les «Fora Dilma!» qui appellent, quant à eux, au départ de la présidente.

Même s'il n'a pas été élu, c'est à Michel Temer que reviendra la présidence du pays si Dilma Rousseff est finalement destituée, dont le mandat court jusqu'au 31 décembre 2018. Ce scénario semble le plus probable selon les analystes. «La gravité des faits constatés ne laisse aucun doute sur l'existence, non pas de simples manoeuvres budgétaires, mais d'un véritable attentat contre la Constitution» a souligné le rapporteur de la commission en charge de la procédure de destitution, Antonio Anastasia, lui-même sénateur du Parti de la social-démocratie brésilienne (dans opposition au centre-droit).

Le procès pour la destitution de Dilma Rousseff s'ouvrira le 29 août et se prolongera sur une semaine. Soit entre la clotûre des Jeux olympiques et l'ouverture des Jeux paralympiques.

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