Cet article date de plus de quatorze ans.

C'est l'un des paradoxes mis en lumière lors de la 17ème conférence sur les rétrovirus qui se tient à San Francisco

Au moment où l"Afrique commence à recevoir les médicaments antirétroviraux, le fossé se creuse encore plus avec les nations les plus riches.Environ quatre millions d"Africains, soit moins de 15 % des personnes infectées, peuvent désormais accéder plus ou moins facilement aux traitements de base de l"infection par le virus VIH.
Article rédigé par France2.fr
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Dineo Sumoke, responsable d'une association de lutte contre le SIDA au Botswana (26-9-2007) (AFP - Gianluigi Guercia)

Au moment où l"Afrique commence à recevoir les médicaments antirétroviraux, le fossé se creuse encore plus avec les nations les plus riches.

Environ quatre millions d"Africains, soit moins de 15 % des personnes infectées, peuvent désormais accéder plus ou moins facilement aux traitements de base de l"infection par le virus VIH.

On est loin de l"objectif qui voulait qu"on soit à cinq millions de personnes prises en charge en 2005.
Mais l"arrivée des traitements n"est pas la panacée. Car il existe diverses thérapeutiques selon l"état des patients et leur réponse au traitement initial, ce qu"on appelle les traitements de seconde ligne.

Ces médicaments sont plus chers et arrivent au compte-gouttes sur le continent africain.

Et pour savoir quand il est temps de les prescrire, il faut disposer de tests biologiques qui indiquent un échec du traitement initial.

Or, le test le plus utile, la mesure de la charge virale, est quasiment indisponible en Afrique à de rares exceptions.

La raison première ? Son coût. Environ quinze euros. Or, en, Afrique, les malades paient de leur poche et quinze euros cela représente parfois jusqu"à dix jours de travail et beaucoup de nourriture. En France, ce test est pris en charge à 100 % depuis 1997.

De plus, cet examen est assez délicat et peut être de maniement difficile dans des zones rurales peu médicalisées.

Mais les industriels du secteur du diagnostic ne font pas beaucoup d"efforts pour faire baisser les prix et simplifier les techniques ont déploré les spécialistes africains présents à San Francisco.

Ces médecins ne disposent donc que d"une méthode beaucoup plus ancienne et moins performante qui consiste à mesurer le taux dans le sang de certains globules blancs appelées lymphocytes CD4.

Le problème de ce test c"est qu"il a tendance à mal refléter la réponse des patients au traitement.

Et cela n"est pas sans conséquence. Ainsi, un traitement inefficace va laisser le temps au virus de se multiplier et de développer des résistances aux molécules qui l"attaquent. Si le test des CD4 met trop de temps à montrer l"échec thérapeutique, ces souches résistantes seront transmises par le patient à ses partenaires. On estime ainsi qu"en Afrique, 6 % des contaminations se font avec des virus multi résistants.

Autre risque, inverse celui-là : le test peut indiquer un échec alors que le traitement est toujours efficace. On risque donc de devoir passer à une deuxième ligne de traitement, très onéreuse et inutile. Les coûts entrainés par ce changement inapproprié pénaliseront d"autres patients.

Les médecins africains souhaitent donc que leurs collègues occidentaux les aident à faire pression sur les industriels et les décideurs pour qu"ils puissent soigner encore plus et mieux les millions d"Africains victimes de ce virus qui décime toute une classe d"âge sur le continent.

Jean-Daniel Flaysakier, envoyé spécial à San Francisco

>> Retrouvez toutes les informations sur cette conférence sur le blog santé de Jean-Daniel Flaysakier

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