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Cafouillage autour du retour en France de trois djihadistes présumés

La confusion la plus totale règne sur le sort de trois présumés djihadistes français arrêtés en Turquie, dont le mari de Souad Merah, la sœur de Mohamed Merah. Ils sont rentrés en France par un autre vol que celui qui était prévu et n'ont donc pas été interpellés. Le ministère de l'Intérieur explique ne pas avoir été informé du changement de destination.
Article rédigé par Sophie Parmentier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Les policiers français n'ont pu interpeller les djihadistes présumés à l'arrivée de leur avion à Orly. Ils n'étaient pas à bord. © Maxppp)

Grande confusion mardi soir autour de la situation de trois djihadistes toulousains présumés. Il s'agit du mari de Souad Merah et beau-frère de Mohamed Merah, Abdelwahed B., d'un ami d'enfance de Mohamed Merah à Toulouse et considéré comme le chef d'une filière, et d'un troisième homme domicilié à Albi, où une filière djihadiste a été démantelée cet été. De retour de Syrie, ils devaient être interpellés ce mardi à l'aéroport d'Orly, mais ils n'ont pas été arrêtés, selon leurs avocats.

Ces trois djihadistes présumés assurent qu'ils sont en liberté, ce mardi soir, en France. Mardi matin, ils étaient pourtant encore aux mains des policiers turcs qui les avaient interpellés en août dernier, à la frontière turco-syrienne. L'expulsion, qui prend toujours du temps, devait avoir lieu mardi, mais il y a eu un problème au moment de monter dans l'avion, comme le révélait France Info dans l'après-midi. Le commandant de bord a en effet refusé de prendre pour passagers ces trois djihadistes présumés.

Les autorités françaises prévenues trop tard par la Turquie ?

Sauf que les policiers français n'ont pas été tenus au courant de ce fait. Ce que reconnaît le ministère de l'Intérieur dans un communiqué, expliquant ne pas avoir été informé du changement de destination (vers Marseille au lieu de Paris). "Les services français ont été informés par leurs homologues turcs de ce changement de vol après l'arrivée sur le sol français des trois ressortissants expulsés ", précise-t-il pour expliquer le cafouillage ayant entouré l'affaire.

Les trois hommes sont finalement arrivés à Marseille, et n'étaient attendus par aucun policier. "Dès cette information communiquée aux services français de sécurité et de renseignement, ceux-ci poursuivaient les investigations dans le cadre du mandat délivré par le magistrat instructeur du pôle antiterroriste ", dit le ministère.

Une panne informatique du système Cheops ?

Selon nos informations, l'arrivée des trois djihadistes présumés à l'aéroport de Marseille a coincidé avec une panne informatique généralisée du système Cheops. Cette panne a eu lieu mardi, dans tous les aéroports de France entre le début et la fin d'après-midi. Une panne qui pourrait expliquer la défaillance dans le contrôle des passeports par la police aux frontières françaises.

Car ce système informatique permet normalement de détecter automatiquement les passeports fichés, ce qui était le cas pour les djihadistes présumés. Mais mardi, ils n'ont pas du tout été repérés lors du contrôle obligatoire pour tout passager revenant d'un pays étranger en dehors de la zone Shengen...

"Ils ne sont nullement en fuite" 

Les trois jeunes hommes âgés de 24 à 27 ans affirment avoir pris l'avion suivant, sans aucune escorte. Ils disent qu'à leur arrivée à Marseille, aucun policier de la DGSI ne les a interpellés comme cela aurait dû être le cas. Ils auraient normalement dû être placés immédiatement en garde à vue, comme pour tout djihadiste présumé de retour de Syrie. "On a passé la douane, on a montré le passeport, on a tout montré, c'est ça qui est étonnant, aucun policier n'est venu nous accueillir à l'aéroport, même nous ça nous a étonné, on s'était dit dans nos têtes qu'ils allaient nous attraper et qu'on allait être en garde à vue ", a expliqué l'un des trois hommes joint par des médias.

"Juridiquement, s'ils avaient été extradés, ils auraient été accompagnés depuis la Turquie jusqu'à la France ", a affirmé l'un de leurs avocats, Pierre Dunac. "C'est bien une réalité que de dire qu'ils ont été renvoyés en France de leur propre volonté. " Selon leurs avocats, ils sont donc en liberté ce soir, sur le territoire français, "aussi incroyable que cela puisse paraître " ajoute l'un des avocats toulousains, qui assure que les trois jihadistes présumés de retour de Syrie se tiennent maintenant à la disposition des enquêteurs...

"Ils attendent d'être convoqués par la police" (Pierre Dunac, avocat d'un des djihadistes présumés)

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