Cet article date de plus de douze ans.

Cambodge : la perpétuité pour Douch, l'ex-directeur de la prison Khmer rouge

La décision est désormais définitive. En première instance, Douch avait été condamné à 30 ans de prison ; mais la chambre de la cour suprême avait porté la peine à "la prison à vie". Kaing Guek Eav, alias Douch, est condamné pour avoir dirigé la prison où 15 à 20.000 personnes ont laissé la vie.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

"Les crimes de Kaing Guek Eav ont compté indubitablement parmi les pires jamais enregistrés dans l'Histoire. Ils méritent la peine la plus élevée possible" , a déclaré Kong Srim, président de la cour. Comme la peine de mort est exclue par le tribunal, Douch a donc été condamné à la perpétuité.

A l'énoncé du verdict, Douch, 69 ans, n'a prononcé aucune parole ni montré aucune émotion. Il s'est levé, a salué la cour dans la tradition cambodgienne, les deux mains jointes devant le visage. Et est retourné en cellule.

Le verdict a été suivi par des centaines de Cambodgiens dans la salle d'audience, dans la banlieue de Phnom Penh. Et par des miliers d'autres, à la télévision, dans un pays où cette sombre période de l'Histoire est longtemps restée taboue.

La peine de 30 ans de prison, prononcée en première instance, lui aurait permis de sortir dans 18 ans, en tenant compte des années déjà effectuées en détention. Une hypothèse insupportable pour les survivants. Les parties civiles réclamaient la perpétuité ; elles ont été entendues.

Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, est le premier ancien Khmer rouge jugé par le tribunal parrainé par les Nations-Unies. Pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Et le premier à être définitivement condamné.

Ce qui ne s'est pas fait sans quelques coups de théâtre : après avoir publiquement demandé pardon, et fourni des aveux circonstanciés, lors de son premier procès, Douch s'est ensuite totalement défaussé en appel. Au dernier jour de son procès, il a réclamé sa libération, estimant n'avoir été qu'un "simple secrétaire" du régime.

Dans la prison qu'il dirigeait, Tuol Sleng, alias S21, 15 à 20.000 personnes ont trouvé la mort, entre 1975 et 1979.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.