Fort Mc Murray, capitale pétrolière décriée du Canada
Ce serait la troisième réserve mondiale de sables bitumineux, et jusqu’à peu (quand le baril était à 100 $), un espoir énorme d’enrichissement. Car il y a deux Fort Mc Murray. Avant et après la chute des cours du pétrole. Et l’incendie marquera à sa façon, la fin d’une époque et de beaucoup d’illusions. Car, à 40 dollars le baril depuis avril 2015, l’exploitation des sables s’est révélée finalement bien peu rentable. Aussi, la ville champignon a commencé à se vider, bien avant les premières flammes et les évacuations. Selon le journal Le Monde (article payant), en 2015 le secteur du pétrole a supprimé 35.000 emplois dans la région.
Du pétrole abondant mais coûteux
Au Canada, la réserve de sable est estimée à 1800 milliards de barils. En fait, 175 milliards sont réellement exploitables. Les sables de l’Athabasca, du nom la rivière qui arrose Fort Mc Murray, sont exploités à ciel ouvert. Des gisements connus de longue date, le pétrole apparaissant à la surface. Les indiens Cris utilisaient déjà le bitume pour l’étanchéité de leurs canoës. C’est un certain Robert Fitzsimmons qui en 1932 dépose son procédé de séparation du bitume des sables. Un procédé qui n’a commencé à intéresser les géants du secteur que lorsque le cours du pétrole a dépassé les 100$ le baril.
Dès lors deux compagnies se sont partagé l'exploitation, Syncrude Canada et Suncor Energy. La production est de l’ordre du million de barils par jour.
Pollution hors normes
Il faut deux tonnes de sable pour obtenir un baril de pétrole (159 litres). Le quart de l’énergie contenue dans un litre de pétrole est utilisé lors de sa fabrication, ce ratio n’est que de 6% dans les champs pétrolifères traditionnels.
Les écologistes sont vent debout contre cette exploitation. Le seul système industriel existant pour récupérer le pétrole consiste à placer le sable dans une centrifugeuse et le mélanger avec de l’eau chaude. Il faut deux à cinq fois son volume en eau pour récupérer un volume de pétrole.
L’eau est ensuite décantée dans d’immenses bassins qui s’étendent sur 176 km². En 2014, le quotidien La Presse présentait une étude fédérale qui confirmait des fuites dans les bassins, 6,5 millions de litres par jour pour un seul bassin (6500 m3). Selon l’étude, des sous-produits pétroliers pollueraient ainsi les nappes phréatiques.
Il faudra du temps, disent les autorités pour que Fort Mc Murray retrouve son activité d’avant l’incendie. Certes, le sinistre va laisser des traces, mais ce n’est pas la seule raison. En réalité la région a perdu de son intérêt. Et, il y a fort à parier que certains de ces exilés forcés vont chercher fortune ailleurs.
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