: Reportage "J'ai encore de la neige d'il y a 10 ans" : le défi du déneigement dans la ville de Montréal
Des engins jaunes, les déneigeuses, et des camions remplis de neige font des allers-retours incessants dans les rues de Montréal. Douze millions de mètres cubes de neige tombent chaque année dans la principale ville de la province canadienne de Québec. Et pour se débarrasser des flocons, qui ensevelissent trottoirs et routes, il existe deux manières. La jeter directement par les égouts ou la stocker sur d’immenses terrains, comme dans cette carrière, au nord de la ville.
Ce ballet de véhicules dure six mois de l'année. Alors, près de l’immense carrière de neige, les habitants se sont habitués au bruit, tant bien que mal. "Cela dérange vraiment le sommeil des gens. On a besoin de ces camions, vu qu'ils déneigent les routes, mais c'est vrai que ça cause un trafic important quand il y en a beaucoup", se plaint Céleste, une riveraine.
Un coût environnemental et financier
Cette carrière est le plus grand espace de stockage de neige d’Amérique du Nord. Le gouffre s’étend sur plus d’un kilomètre et jusqu’à 300 camions par heure y déversent leur neige. "On recule nos camions, on lève nos boîtes et on déverse. On récupère de la neige et on la renvoie dans notre système d'égouts pour qu'elle soit ensuite filtrée et réutilisée", explique Giovanni Statonne, le responsable. Ici, la neige ne fond pas vite. "Cela va prendre jusqu'à l'automne et parfois il en reste. J'ai encore de la neige d'il y a dix ans".
Après une tempête, il faut quatre jours et 3 000 employés pour déneiger. "Ce qui veut dire sillonner plus de 1 000 kilomètres linéaires de chaussée", détaille Philippe Sabourin, porte-parole de la ville de Montréal. "Pour vous donner une idée du défi, c'est la distance à parcourir faire un aller-retour Montréal-Paris." Ces déneigements ont, par conséquent, des coûts environnementaux. Les émissions des engins participent à la pollution de l'air et l'utilisation du sel peut bouleverser des écosystèmes, puisqu’il se retrouve dans les sols et les eaux.
Le sel pour sécuriser les déplacements
Alors, la ville de Montréal tente de nouvelles techniques "pour l'instant infructueuses", affirme Philippe Sabourin. "Notamment avec le jus de betterave, qui est extrêmement salissant. Et le marc de café qui causait également des difficultés pour le récupérer", explique-t-il. "Pour l'instant, le sel est vraiment le matériau qui nous permet de sécuriser les déplacements". L'opération a aussi un coût financier : pour chaque centimètre de neige ramassée sur son territoire, la ville dépense un million de dollars canadiens.
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