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Rob Ford, le maire le plus célèbre du Canada, soigne ses addictions

Le maire de Toronto, connu tant pour son addiction à l’alcool et aux drogues que pour ses frasques et ses excès de langage, a disparu des écrans radars le 6 mai 2014 avant de réapparaître 10 jours plus tard. En fait, l’édile est en congé maladie depuis le 30 avril et fait une «rehab» dans un lieu tenu (plus ou moins) secret.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le maire Rob Ford dans la salle du conseil à Toronto, en Ontario, le 3 avril 2014.  ( Craig Robertson / Toronto Agence Sun / QMI)

Alors que les prochaines municipales se déroulent en octobre 2014, Rob Ford a décidé de faire «une pause» après la diffusion d’une nouvelle vidéo le montrant en train de fumer ce qui semble être du crack. Et aussi d'un enregistrement dans lequel on le voit fin saoul et prêt à en découdre.
 
Ces deux nouvelles affaires, qui l’ont propulsé en une des journaux, ont mis l’édile de 44 ans au pied du mur. Le maire de Toronto a dû reconnaître avoir besoin d'aide et a suspendu sa campagne électorale: «J'ai un problème avec l'alcool et avec les choix que j'ai fait quand j'étais sous son emprise», a-t-il dit dans un communiqué avant de rejoindre son lieu de cure. Tout en omettant de mentionner son addiction au crack.
 
Il faut dire que l’appétence de Rob Ford pour l'alcool, le cannabis et le crack agite depuis un an la capitale économique du Canada et quatrième plus grande ville d'Amérique du Nord, dont il est le premier magistrat depuis 2010. Un dossier alimenté par les révélations en chaîne des médias et par une vaste enquête de police. Cette dernière fouille depuis des mois les liens entre gangs armés, dealers et proches du maire, accusé par ailleurs de conflit d’intérêts, de clientélisme et d’attouchement sur une de ses anciennes rivales à la mairie.


Pourfendeur du gaspillage
Kathleen Wynne, Première ministre d'Ontario, la province la plus riche et la plus peuplée du Canada dont Toronto est la capitale, a déclaré à la presse que «la confusion (à l'hôtel de ville) durait depuis trop longtemps».
 
De fait, depuis novembre 2013, une motion de censure votée par le conseil municipal a privé ce pourfendeur du gaspillage, grand défenseur des contribuables, de ses pouvoirs exécutifs. En gros, celui qu’on appelle aussi «le maire téflon», parce qu'aucun scandale ne lui colle durablement à la peau, n’en a plus que le titre.
 
Mais rien ne prédestinait ce «petit gros au fond de la classe, qui passait ses journées à ne rien faire», comme le décrit une ancienne camarade, à faire son trou en politique. Et à devenir, ainsi que le voit Supriya Dwivedi, spécialiste de la politique canadienne citée par Le Monde «une boule de démolition à l'état pur», «à une époque où tous les hommes politiques ont une image bien lissée».
 
Indissociable de son frère
Lisse n’est effectivement pas le terme le plus approprié pour caractériser ce trublion, né en 1969 dans une famille aisée de Toronto, dont le père fut député conservateur. S’il fait partie d’une fratrie de quatre enfants, c’est de son frère Doug dont il se sent le plus proche. Avec Doug, devenu son conseiller, ils forment un tandem symbiotique. La politique, une histoire de famille donc pour celui qui y est entré et est devenu conseiller municipal de Toronto à l’âge de 28 ans.
 
S’il est un habitué des dérapages verbaux, ses partisans les lui pardonnent. Florilège: «Les routes sont faites pour les autobus, les autos et les camions, pas les cyclistes. Ça me peine d'entendre que l'un d'eux s'est fait tuer. Mais c'est leur faute.» Ou encore: «Ces Asiatiques, ils travaillent comme des chiens. C'est pour ça qu'ils réussissent. Ils sont en train de prendre le contrôle (du monde)»…
 
Un personnage contestable dont l’ascension étonne toujours. «Toronto est une ville merveilleuse, progressiste. Comment en est-elle venue là? Qu'est-ce qu'un phénomène comme celui-là nous révèle sur la gouvernance municipale?», a lancé David Biette, directeur de l'Institut canadien du Wilson Center, qui a organisé un débat sur le sujet.

Des figurines à l'effigie du maire de Toronto, Rob Ford, destinées à lancer sa campagne, lors d'un rassemblement à Toronto le 17 avril 2014. ( AFP PHOTO/GEOFF ROBINS)

Ce qu’on peut en dire, c’est qu’avant son élection en 2010, il a été soutenu par les habitants des banlieues, sensibles à son discours populiste, et souvent ignorés par les élites. Rob Ford aime à se définir comme un homme du peuple.
 
Réapparu le 16 mai devant une banque de Bracebridge, petite ville ontarienne, Rob Ford ne semble pas perturbé par son état de santé. Il a été vu «en train de discuter avec des passants», qu’il rassurait sur son séjour thérapeutique, selon le Bracebridge Examiner. A moins qu’il n’ait repris sa campagne en se rapprochant de sa base qui reste solide.
 
Quoi qu’il en soit, sa cure se poursuit, probablement dans un centre de désintoxication à Greenstone. Et le feuilleton de sa vie continue. Comme une téléréalité plus vraie que nature...

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