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Chine: le tour de vis de Pékin à l'encontre des ONG étrangères

Au moins un millier d’ONG étrangères travaillant en Chine seront placées sous le contrôle direct de la police, à partir du 1er janvier 2017. Le texte, adopté à la quasi unanimité (147 votes pour et un seul contre) par l'Assemblée nationale populaire (NPA), le 28 avril 2016, suscite l'inquiétude des organisations locales qui bénéficient du savoir-faire et des moyens financiers d'ONG occidentales.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une nouvelle loi en Chine, adpotée le 28 avril 2016, donne aux autorités et à la police des pouvoirs illimités pour contrôler les ONG. (FRED DUFOUR / AFP)

Nouvelle mise au pas du président chinois Xi Jinping. A partir du 1er janvier 2017, seule la police sera habilitée à autoriser les Organisations non-gouvernementales étrangères à travailler dans le pays à des fins humanitaires, environnementales, mais aussi des organismes de recherche et des chambres de commerce. Les forces de sécurité auront également le pouvoir d'annuler l’agrément de toute ONG qui «porte atteinte aux intérêts nationaux» ou «menace les intérêts de la société».

Cette nouvelle loi ne concerne que les fondations, associations et groupes de réflexion dont les statuts ont été déposés à l’étranger, précise le site économique Zhongguo Jingji Wang, cité par Courrier international.

Le programme annuel de travail de ces organisations ainsi que leurs informations financières devront être communiqués au préalable aux autorités chinoises. Le recrutement de membres chinois leur sera interdit, sauf dérogation, tout comme la collecte de fonds.

«Si vous n’enfreignez pas la loi, de quoi avez-vous peur?»
L’un des rapporteurs de la loi, Guo Linmao, a affirmé, lors d’une conférence de presse, vouloir ainsi «renforcer le contrôle sur le financement des ONG étrangères». Répondant aux critiques, il s’est défendu: «Si vous n’enfreignez pas la loi, de quoi avez-vous peur?».
 
Des médias d'Etat, comme le Quotidien du Peuple, estiment qu’un certain nombre d’ONG étrangères ont perpétré, sous couvert de leurs activités humanitaires, des crimes portant atteinte à la sécurité nationale et aux intérêts de la Chine. En janvier 2016, Pékin a arrêté puis expulsé un militant suédois des droits de l'Homme, Peter Dahlin, parce qu'il avait formé des avocats chinois.

 
Ce vote a provoqué une «profonde inquiétude» de la Maison Blanche qui a appelé Pékin à respecter les «droits et libertés» des individus. Les critiques ont également fusé de la part des associations de défense des droits de l'Homme. «Les autorités et notamment la police auront pratiquement des pouvoirs illimités pour cibler les ONG, restreindre leurs activité, et en fin de compte étouffer la société civile», a déclaré William Nee d'Amnesty International appelant à ce que cette loi soit «révoquée».


Elle risque d'«entraver les contacts entre les peuples, les échanges universitaires et les activités commerciales qui sont tous des éléments cruciaux de notre relation bilatérale», avait dénoncé pour sa part l'ambassadeur de l'Union européenne en Chine, Hans-Dietmar Schweisgut, dans une lettre à laquelle le quotidien proche du pouvoir, Global Times, a répondu par une tribune au vitriol.

Avant d'être adoptée par le NPA, cette loi controversée a été modifiée par deux fois, en décembre 2014 et en avril 2015. Une précédente loi, votée en 2015, avait déjà donné aux autorités chinoises des pouvoirs plus étendus en matière de sécurité nationale.

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