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En Chine, 100 terrains ferment: l'ambiguë politique de Pékin vis-à-vis du golf

Un sixième des golfs chinois a dû fermer sur ordre du pouvoir. Derrière les arguments écologiques, c’est la lutte lancée par le pouvoir contre la corruption qui est en œuvre dans cette décision. Et la lutte contre ce symbole du luxe ne date pas d’aujourd’hui. Mao dénonçait déjà cette activité comme un sport pour «millionnaires».
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
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Pratique du golf en Chine, dans le Yunnan, en 2016. (Yang zheng / Imaginechina)

En une décennie, le nombre de golfs en Chine a été multiplié par trois, passant de moins de 200 à plus de 600. Un boom favorisé par l'essor des super-riches et les promoteurs immobiliers. Avec l'ouverture de l'économie et l'arrivée d'une classe privilégiée, la Chine avait accepté l'idée d'avoir des golfs comme n'importe quel pays capitaliste. Et tant pis pour Mao...

Mais en Chine, ce symbole visible de la réussite et du capitalisme dépend de la bonne volonté du pouvoir. Et en ce moment, le régime mise sur la lutte contre la corruption. Résultat: sur un total de 683 golfs que comptait le pays, les autorités ont ordonné la fermeture de 111 d'entre eux ces cinq dernières années, selon la puissante agence de planification économique chinoise.

Il est vrai que Pékin, depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, a officiellement lancé une lutte contre la corruption. Ainsi, depuis 2014, «le nombre des fonctionnaires corrompus nouvellement identifiés a baissé chaque année, a déclaré Liu Jianchao, directeur du Bureau de la coopération internationale sous la Commission centrale pour l'inspection disciplinaire», rappelle le Quotidien du peuple.


Un «jeu de riche»
Selon un autre journal, «les journaux chinois qui s’expriment au nom de l’Etat et ceux d’outre-mer ne cessent de relater la panique des fonctionnaires et de leurs proches», à cause de la lutte anti-corruption menée par le régime. «Ces derniers annulent de grandes réceptions, échangent leurs voitures de sport contre des autos plus modestes et abandonnent la pratique du golf, un "jeu de riche" longtemps désapprouvé par le Parti.»

Ce «jeu de riche» est, en Chine aussi, un symbole de réussite pratiqué par les citoyens qui ont profité du boom économique et de la libéralisation économique du régime. Le premier parcours de golf en Chine a été construit il y a seulement 30  ans, après le début des réformes économiques et de l'ouverture, avant de devenir un des loisirs préférés de l'élite fortunée et de responsables politiques. Mais aujourd'hui «le parcours de golf se transforme subtilement en un terrain boueux où s’échange du pouvoir contre de l’argent», estimait l’année dernière le journal officiel de l’Agence nationale de lutte contre la corruption.

Pourtant, la Chine a lnvesti dans le golf qui est devenu un des arguments touristiques du pays tandis que des golfeurs chinois représentent le pays dans les compétitions. 


Lutte contre «les modes de vie décadents»
En mars 2016, le parcours neuf trous du Golf Country Club de Shanghaï a été rasé à coups de bulldozers afin d'être transformé en terres cultivables agricoles. 

Mais le golf n’est pas la seule cible contre la corruption du pouvoir qui a décidé de lutter aussi contre les cadeaux trop voyants (montres de luxe ou vins très chers) et certains signes extérieurs de richesse.
 
Fustigeant les «modes de vie décadents» et faisant l'éloge de «l'austérité» pour les cadres du régime, le Parti communiste, pour qui la lutte anti-corruption est aussi un moyen de régler ses conflits internes, avait interdit fin 2015 à ses 88 millions de membres de «jouer au golf».

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