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Entre retrouvailles familiales et culte des ancêtres, la Chine fête le Nouvel An lunaire

Le Nouvel An chinois, qui commence vendredi, accueille l'année du Chien de terre. Pour cette célébration religieuse et familiale, des millions de Chinois regagnent leur région d'origine. 

Article rédigé par franceinfo - Dominique André et Shenyan Hou
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Des danseurs en costume traditionnel de l'opéra de Pékin, s'apprêtent à défiler à Xi'an (centre), le 14 février 2018, à l'occasion du Nouvel an chinois. (FRED DUFOUR / AFP)

L'année du Coq de fer est terminée, place à l'année du Chien de terre. À partir du vendredi 16 février, la Chine célèbre le Nouvel An lunaire, le premier jour de l'année lunaire. Ce nouvel épisode du calendrier, aussi appelé "Fête du printemps", donne lieu à la plus grande migration humaine du monde : des millions de Chinois regagnent leur région d'origine pour cette occasion.

La Chine s'apprête à fêter le Nouvel An lunaire : un reportage de Dominique André et de Shenyan Hou

Chaque année, pour le Nouvel An lunaire, la Chine entière est décorée en rouge et or, et la culture chinoise s'exprime à travers les rituels et la vie de famille que le maoïsme (théorie et philosophie de Mao Zedong, au pouvoir de 1935 à 1976) n'aura pas réussi à effacer. "Par rapport à ce qu'il se passait à l'époque du maoïsme, il y a quand même une grande différence, c'est que le Nouvel An est redevenu ce qu'il était, c'est-à-dire une fête religieuse, observe Patrice Fava, sinologue à l'École française d'Extrême-Orient (EFEO). Si on veut savoir véritablement ce qu'est le Nouvel An, il faut aller d'abord dans les temples"

Une fête à deux facettes

Pour Patrice Fava, il y a deux éclairages de cette grande fête annuelle : l'aspect familial et le versant religieux. "C'est d'abord une grande réunion familiale : il suffit d'aller dans les gares en ce moment pour se rendre compte que tous les Chinois rentrent chez eux", indique-t-il, tout en précisant que ce n'est pas tant pour retrouver la famille, "même si c'est très important", que pour le culte des ancêtres. 

On rentre chez soi pour aller prier les ancêtres, rendre hommage aux ancêtres, inviter les ancêtres à venir partager le banquet du Nouvel An.

Patrice Fava, sinologue

à franceinfo

"Dans le Nouvel An chinois, vous pourrez constater qu'il n'y a rien d'occidental", poursuit le sinologue, témoin attentif des rites de la société chinoise depuis des décennies et qui vit à Pékin, la capitale chinoise.

Les plats traditionnels à l'honneur

Si des offrandes sont faites aux ancêtres, les vivants se retrouvent pour des grands repas préparés de longue date parce qu'ils sont coûteux. La culture chinoise s'exprime pleinement à cette période. La Foire du Nouvel An, au palais de l'agriculture à Pékin, est un peu comme le Salon de l'agriculture à Paris : on y trouve des spécialités des quatre coins du pays, comme du thé et des noix des montagnes du Yunnan (sud-ouest), le fameux alcool de riz de Zhejiang (est), les crevettes séchées pour les jiǎozi (les raviolis du Nord) ou les tāngyuán (les boules de riz gluant du Sud).

"Le premier jour du Nouvel An, on fait des raviolis et le deuxième jour, les filles mariées quittent leur belle-famille pour visiter leurs parents... Bien sûr qu'au Sud, les gens mangent plutôt des tāngyuán !", s'amuse une dame âgée venue avec des paniers chargés. "Moi, je suis, pour moitié originaire du Nord et, pour moitié, du Sud, raconte son amie qui vit, elle aussi, à Pékin. Que ce soit des raviolis ou des tāngyuán, je dois tout manger !"

Le Nouvel An d'aujourd'hui est totalement différent de celui de notre enfance.

Une habitante de Pékin

à franceinfo

"Maintenant, dans la vie de tous les jours, il ne nous manque rien !, renchérit une troisième amie. Ce n'est pas comme quand on était petits où on avait peu d'occasion de manger de la viande et d'autres bonne nourriture et où tout le monde attendait le Nouvel An. Maintenant, on trouve de tout, tous les jours. Il n'y a pas de différence avec le Nouvel An, sauf que tout le monde se voit et qu'on est ensemble." 

La fête la plus importante d'Asie

Dans un autre quartier de Pékin, monsieur Wang accroche deux lanternes rouges à l'entrée de sa maison et affiche le caractère signifiant le bonheur. "C'est la tradition pour les Chinois, explique-t-il. La 'Fête du printemps', c'est pour accueillir le printemps qui va arriver !" Cette "Fête du printemps" - "Chunjie" en chinois - était autrefois basée sur le rythme du calendrier agricole. 

À l'occasion du Nouvel An lunaire, des célébrations se tiennent dans le monde entier. D'ailleurs, cette année, le Parti communiste chinois a indiqué, dans un communiqué, vouloir "familiariser la communauté internationale à la culture traditionnelle chinoise". Mais cette fête est aussi la plus importante de l'Asie. Par exemple, les Vietnamiens parlent de la "Fête du Têt".

Le Chien revient après 12 années

Vendredi, on entre donc dans l'année du Chien, qui revient après 12 années comme le prévoit le zodiaque chinois. Pour les astrologues, cette année du Chien signifie de l’action et du changement de style de vie. Certains font aussi remarquer que plusieurs célébrités internationales sont du signe du Chien, comme Brigitte Bardot, Albert de Monaco, Kate Middleton ou encore Confucius. 

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