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La Chine visée par un attentat au Kirghizistan: les Ouïghours ou Daech ?
Un kamikaze au volant d’une voiture piégée s’est fait exploser le 30 août 2016 devant l’ambassade de Chine à Bichkek, au Kirghizstan. Trois personnes travaillant pour l’ambassade ont été blessées.
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Signe de la puissance de la bombe, des parties du corps du kamikaze ont été retrouvées dans un périmètre de plusieurs centaines de mètres, et le souffle de l’explosion a fait trembler les maisons aux alentours, rapporte l’AFP.
Dans la matinée du 30 août 2016, un homme au volant d’un monospace s’est lancé contre un portail de l’ambassade de Chine à Bichkek, au Kirghizstan. Dans cette voiture était placée une puissante charge explosive, que le kamikaze a fait exploser au cœur du complexe, près de la résidence de l’ambassadeur.
Trois Kirghizs, membres du personnel de l’ambassade, ont été hospitalisés, mais ne sont pas dans un état grave, selon les médecins cités par l’AFP.
La piste ouïghoure
L’attaque n’a pour l’instant pas été revendiquée. Mais déjà, certains attribuent l’attentat aux Ouïghours pointant la volonté de toucher spécifiquement la Chine. Les Ouïgours sont un peuple turcophone aux confins occidentaux de l’Empire du Milieu.
Ces derniers sont fortement établis au Kirghizstan (ils sont 50.000) et des groupes demandent l’indépendance de la région du Xinjiang où ils sont établis en Chine.
Entre 2013 et 2014, la Chine a subi au moins quatre attaques attribuées à des groupes terroristes ouïghours, notamment le Parti islamique du Turkestan (TIP), proche d’al-Qaïda et opposé au groupe Etat islamique.
Mais selon Dilnur Reyhan, enseignante à l’Inalco et directrice de la revue Regard sur les Ouïghour-e-s. «Le TIP n'a jamais revendiqué d’attentats en Chine ou à l'extérieur du pays, même s'il félicite les attaques contre la Chine.»
Ce groupe pourrait-il être à l’origine de l’attentat suicide perpétré sur le sol kirghize? Oui, selon Raffaello Pantucci, directeur des Etudes de sécurité internationale à la Royal United Services Institution, cité par le Guardian. Il pense que les militants ouïghours sont des «candidats évidents» à l’attentat.
Le groupe Etat islamique en embuscade
Cette explosion pourrait aussi être l’œuvre du groupe Etat islamique, qui prend de l’importance dans la région.
Le Kirghizstan est confronté à l’islam radical depuis plusieurs années et cette république d’Asie centrale fait état de plusieurs affrontements meurtriers avec des terroristes à Bichkek, la capitale.
Dans ce pays à majorité musulmane, l’Arabie Saoudite a financé l’essentiel des nombreuses mosquées. Il y en avait 39 avant 1991 (le pays faisait parti de l’Union soviétique) pour plus de 2000 aujourd’hui. C’est dire l’influence du la pétromonarchie sur cette nouvelle nation toujours pauvre. Pourtant, la pratique de l'islam dans ce pays reste encore, et de façon majoritaire, très modérée.
Le groupe Etat islamique pourrait aussi être à l'origine de cette attaque alors que certains choisissent de s'engager dans l'organisation. Pour la plupart, ils se radicalisent lors de séjours en Russie. Les pays d'Asie centrale étant pauvres, ils sont nombreux à chercher du travail chez le grand voisin russe. Déracinés et vivant dans des conditions difficiles, ils deviennent une cible pour des groupes radicaux.
Selon Bayram Baci, chercheur au Ceri-Sciences-Po et cité par Libération, les ressortissants d'Asie centrale formeraient le troisième contingent de l’EI en Syrie et en Irak. Ils ne seraient que 500 selon les autorités kirghizes. Mais jusqu'à présent, ils ne revenaient pas fomenter des attentats dans leurs pays respectifs.
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