La visite de Nancy Pelosi à Taïwan est "une victoire", mais "le combat n'est pas terminé", souligne François Wu, représentant de Taïwan en France
"Tout ce que nous demandons actuellement, c'est un soutien, au moins, de la part des grandes puissances et des pays démocratiques", indique François Wu, représentant de Taïwan en France.
La visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi à Taïwan "est une victoire" a affirmé mercredi 3 août sur franceinfo François Wu, représentant de Taïwan en France. "Cela a permis à Taiwan d'être vue par le monde." Mais "le combat de Taiwan pour être un Etat normal n'est pas terminé", souligne François Wu, qui appelle à "un soutien" de la communauté internationale.
franceinfo : Est-ce que cette visite de Nancy Pelosi est une victoire ?
François Wu : Cela a permis à Taïwan d'être vue par le monde. De ce point de vue-là, c'est une victoire parce que la Chine fait tout pour essayer d'effacer Taïwan dans le monde international. Si nous regardons notre représentation diplomatique dans le monde entier, il n'y a pas de Taïwan, il n'y a que Taipei. C'est aussi une victoire des pays démocratiques. Mais il y aura des conséquences à gérer, parce que le combat de Taïwan pour être un Etat normal n'est pas terminé. A partir de demain, il y aura des manœuvres militaires qui vont être faites. Les Chinois vont faire des tirs de missiles sur six zones qui contournent Taïwan. Les avions civils vont avoir des difficultés à naviguer dans la région. Les Chinois sont en train de créer des troubles dans une zone où se rassemblent un tiers des activités économiques mondiales.
27 avions militaires sont entrés dans la zone de défense aérienne de Taïwan. Est-ce que cette réponse vous surprend ?
Cette réponse ne nous surprend pas. On a cette sensation que cette affaire concerne uniquement Taïwan.
"Mais les intérêts français sont aussi très concernés. Vous avez 5 000 Français qui habitent dans la région. Vous avez 25 milliards d'investissement en Chine chaque année, à peu près deux milliards à Taïwan."
François Wu, représentant de Taïwan en Franceà franceinfo
Si quelque chose arrive entre Taïwan et la Chine, ce ne sont pas seulement les investissements internes qui seront concernés. Il y a aussi vos investissements en Chine qui seront très concernés. J'appelle la communauté internationale à regarder cet événement très sérieusement.
Est-ce que vous craignez une invasion chinoise ?
Taïwan craint une invasion chinoise. Mais la France doit aussi craindre cette invasion. Taïwan concentre à peu près de 70% des semi-conducteurs qui sont fabriqués dans le monde. Donc si jamais il y a une invasion chinoise, vous pourriez immédiatement imaginer que votre industrie automobile, que les téléphones portables, seront paralysés. Le commissaire européen Thierry Breton avait dit il y a quelques mois, si jamais Taïwan n'exporte plus ses semi-conducteurs, les usines du monde entier vont s'arrêter dans les semaines qui suivent. Taïwan craint beaucoup, mais aussi les Américains et les Japonais. Ces manœuvres militaires recouvrent la zone économique exclusive du Japon. Tout le monde doit craindre une invasion chinoise.
Le G7 a estimé qu'il n'y avait "aucune justification" à utiliser la visite de Nancy Pelosi comme un "prétexte" à des manœuvres. Est-ce que vous vous sentez soutenu par la communauté internationale ?
Nous avons besoin de cette solidarité des grandes puissances du monde libre, du monde démocratique. Parce que tout ce que la Chine est en train de faire, c'est de bloquer Taïwan, c'est de bloquer toute la région. C'est bloquer un tiers du PNB mondial dans la région. Il y a aussi le Japon, la Corée, Tous ces pays sont concernés. Une déclaration officielle par le G7, cela encourage beaucoup. Tout ce que nous demandons actuellement, c'est un soutien, au moins, de la part des grandes puissances et des pays démocratiques.
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