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Deux ans après la crise bancaire, Chypre est toujours malade

2013. Chypre inaugurait à sa manière le premier crash d'un pays membre de la zone euro. Les banques en faillite, ou presque, ont été fermées pendant 12 jours. Déjà, la troïka (FMI, Banque centrale européenne, Commission européenne) imposait un plan drastique. Deux ans plus tard, le système bancaire est assaini mais l'économie est atone.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le 28 mars 2013, des clients attendent l'ouverture de leur banque après 12 jours de fermeture. (AFP)

En 2013, Chypre est assise sur une bulle spéculative composée en partie de capitaux russes pas toujours très propres. Chypre s'est lancée dans un modèle économique bancaire, genre paradis fiscal, qui offre des placements très attractifs et une fiscalité avantageuse. Résultat: la grenouille est devenue plus grosse que le bœuf, les dépôts bancaires atteignant 7 fois le PIB de l’île.

Mais les banques investissent en Grèce et subissent la crise de mars 2012. Quand la moitié de la dette publique grecque est effacée, les banques chypriotes perdent leurs avoirs. Selon Les Echos, ils s’élèvent à 4 milliards d’euros. Cette perte financière place le pays au bord de la faillite. Il faut 17 milliards d'euros à l’île.
 
Le plan de sauvetage
La troïka n’en donnera que 10 milliards et imposera une taxation des dépôts bancaires pour un montant de 5,8 milliards d’euros
En vertu du plan de sauvetage, Chypre va devoir également augmenter les impôts, diminuer les effectifs de la fonction publique et privatiser certaines sociétés publiques. L'île a aussi voté une augmentation de l'impôt sur les sociétés de 10% à 12,5%.
 
La deuxième banque du pays est liquidée, les dépôts de moins de 100.000 euros sont transférés à la Bank of Cyprus. Et Pour sauver celle-ci, les dépôts (souvent d’oligarques russes) sont transformés en fonds propres.
 
Face au risque de panique bancaire avec des retraits massifs d'argent, le gouvernement chypriote avait alors fermé toutes les banques pendant 12 jours, interdit les virements par internet et limité les retraits par carte bancaire.
 
A la réouverture des banques, des restrictions draconiennes régissaient les mouvements de capitaux. Pas plus de 20.000 euros par mois de transfert et 10.000 euros en numéraire en quittant l’ile. Initialement ce contrôle était plus strict. 5000 euros de transfert mensuel et 1000 euros en liquide à la sortie du territoire. En avril 2015, le contrôle des changes a enfin été levé.
 
Et maintenant ?
Aujourd’hui, malgré l’effondrement du rouble, les touristes sont toujours là. Les Britanniques ont remplacé les Russes. Mais le pays ne s’est toujours pas inventé un nouveau modèle économique (lien payant), en remplacement du jeu bancaire. Pour preuve, le chômage atteint les 16% pour une population de 900.000 habitants. Le renouveau viendra peut-être du gisement de gaz appelé Aphrodite. Mais son exploitation n’est pas encore à l’ordre du jour.
 
Selon le journal l’Orient le jour, l’île restera en récession en 2015, mais «le déclin sera moins marqué». Chypre en est à sa quatrième année de récession. Quant au déficit public, il ne cesse de se creuser, malgré les réformes annoncées. Il a atteint près de 126% du PIB (112% en 2013). La consommation des ménages en est à sa troisième année de recul et 2015 devrait marquer une très faible reprise.

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