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COP21: Bonn ultime étape avant Paris. Où en sont les négociations sur le climat?
Un nouveau round de négociations de la COP 21 a débuté le lundi 19 octobre à Bonn. Ultime rendez-vous avant Paris, où 195 pays vont tenter d’aboutir à un accord universel contre le dérèglement climatique. Après l’échec de Copenhague en 2009 et des années de tergiversation, un optimisme mesuré est de mise même si les mesures les plus ambitieuses risquent d’être évacuées.
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Les délégations de 195 pays ont débuté ce lundi 19 octobre 2015 la dernière semaine de négociations avant la conférence de Paris. Un texte de 20 pages est actuellement sur la table, avec trois grands objectifs :
-Plafonner l’élévation de la température mondiale. Comment et à quel niveau ?
-Financer, à hauteur de 100 milliards de dollars par an, la transition des pays pauvres vers des énergies sans carbone à partir de 2020.
-Etre en mesure de vérifier que chaque pays tient ses engagements en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
Toutes les conditions semblent réunies pour un accord : la science dit l’urgence d’agir, le danger est de plus en plus palpable, les opinions publiques sont prêtes, les technologies alternatives existent.
La chine et les Etats Unis, qui représentent à eux deux plus de 45% des émissions de gaz à effet de serre, sont enfin prêts à s’engager. Pourtant, les contributions actuellement sur la table ne sont pas encore à la hauteur des enjeux.
Les scientifiques du Giec (Groupe d'experts sur le climat) préconisent de ne pas dépasser une augmentation de 2 degrés de la température moyenne et les pays vulnérables défendent l’objectif de 1,5 degré. Or, si on additionne les intentions de réductions rendues par les Etats, on se dirige vers une trajectoire allant de 2,7 à 3 degrés de plus. Très au-delà des niveaux souhaitables.
Pour le député européen écologiste Yannick Jadot, l’ambition n’est pas encore à la hauteur de la menace : «Si la mobilisation des villes, des citoyens et des entreprises est encourageante, ce qui sera déterminant, c’est la volonté des Etats. Mais ils semblent pris dans un carcan, ils n’arrivent pas à se libérer des énergies fossiles.» Il est vrai que les pays producteurs de pétrole n'ont pas déposé leurs contributions. Ils n'ont aucune intention de laisser dormir dans leur sous-sol des milliers de milliards de dollars.
Pour éviter un échec, le principe d’une révision des objectifs tous les cinq ans figure dans le dernier document de travail. Le texte énumère encore plusieurs options et formulations. Faut-il fixer un pic d’émissions globales à l’horizon 2030 ou 2040, ou fixer un pourcentage de réduction (40 à 70% préconisés) d’émissions d’ici 2050? D’autres veulent poser le principe d’une neutralité carbone en 2050… Toutes les options restent ouvertes. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé à «mettre à profit ces quelques jours (à Bonn) pour avancer fortement».
La taxe carbone universelle n’est plus au programme
En revanche, l’objectif d’une énergie 100% renouvelables (solaire, éolien, hydraulique…) à l’horizon 2050 n’apparaît pas dans la dernière synthèse. De même, la taxe carbone semble avoir été évacuée des négociations. Malgré son efficacité pour envoyer un signal fort au marché, elle ne sera pas à l'agenda de la COP 21. Fixer un prix mondial du carbone, accepté par tous, semble pour le moment hors de portée.
Deuxième grand point de négociation : le financement. Les 100 milliards de dollars promis depuis la conférence de Copenhague sont en vue. Les engagements des pays riches et la mobilisation des grandes banques de développement ont déjà permis de faire les trois quarts du chemin. Cet argent va aider les pays pauvres à amorcer leur transition vers des «économies sans émission de carbone». Un fonds vert sera alimenté pour aider les pays vulnérables à atténuer les impacts du changement climatique. Les pays en développement, réunis dans le Groupe dit des 77, maintiennent la pression afin de pérenniser cette somme (100 milliards de dollars) et d'obtenir des transferts de technologie.
Troisième enjeu de cette négociation : la vérification des engagements annoncés. A la différence de Copenhague, l’accord envisagé à Paris va se baser sur des engagements volontaires définis par chacun des pays. Il faudra donc mettre de la transparence, mais un grand nombre de pays semblent réticents à tout contrôle et a fortiori à toute sanction. Un accord historique est possible, mais sera-t-il suffisamment ambitieux et contraignant?
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