"C'est si fréquent que personne ne pense que c'est grave": une ONG dénonce les abus sexuels impunis dont sont victimes les Nord-Coréennes
Le rapport de Human Rights Watch repose sur le témoignage d’une cinquantaine de transfuges nord-coréens, essentiellement des femmes, mais aussi des officiels.
"Tu pleures la nuit, mais tu ne sais pas pourquoi". Les femmes sont les cibles des policiers nord-coréens et des représentants des services de l'Etat qui leur infligent des abus sexuels dans une impunité quasi totale, selon un rapport publié jeudi 1er novembre par l'ONG Human Rights Watch. L'ONG base son enquête sur des entretiens avec 54 transfuges nord-coréens et dépeint un sombre tableau des viols et autres abus perpétrés par les personnels de sécurité, tels que les gardes-frontières mais aussi des civils en position d'autorité.
"Un secret de polichinelle"
En Corée du Nord, la vaste majorité des personnes ayant fait défection sont des femmes. Elles bénéficient de plus de liberté de mouvement que les hommes car elles ne sont pas assignées à des postes de fonctionnaires où leur absence serait remarquée. Généralement, les citoyens fugitifs s'exposent à des châtiments très durs, dont la torture et la détention. Pour les femmes, l'une des conséquences les plus fréquentes sont les abus sexuels, selon l'ONG.
Chaque soir, des femmes étaient forcées de partir avec un gardien et étaient violées.
une Nord-Coréenneà HRW
"Chaque soir, un gardien de la prison ouvrait la cellule. Je me tenais très tranquille, je faisais comme si je n'avais pas remarqué, j'espérais que je ne serais pas celle qui serait obligée de le suivre", raconte une trentenaire, ancienne prisonnière dans un centre de détention frontalier.
"He just took off his pants"
— Human Rights Watch (@hrw) 1 novembre 2018
In North Korea, men with power sexually harass, rape, and abuse women, taking advantage of the climate of fear in the country. https://t.co/JWFjNXQh2c pic.twitter.com/qC5LNQ3vDB
Parmi les auteurs d'abus figurent des gérants d'entreprises publiques, des gardes déployés sur les marchés ou dans les postes de contrôle routiers. On trouve aussi des "policiers, des magistrats, des soldats et des contrôleurs à bord des trains". Dans le pays, un viol n'est considéré comme tel qu'en cas d'utilisation de la violence. "C'est si fréquent que personne ne pense que c'est grave. On ne se rend même pas compte qu'on souffre, témoigne une quadragénaire. Mais on est humaines. Alors parfois, sans crier gare, on pleure la nuit et on ne sait pas pourquoi".
La violence sexuelle en Corée du Nord est un secret de polichinelle, largement toléré et non traité.
Kenneth Roth, directeur de HRWdans un communiqué
Des personnes interviewées par l'ONG racontent que des victimes ont été expulsées de l'université, ou battues et abandonnées par leur mari pour avoir apporté la honte à l'établissement ou à la famille.
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