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Kim Jong-il, mort d’un stratège excentrique

Retour en quatre points sur la vie du dirigeant nord-coréen, dont on retiendra autant les folies que le règne sans partage à la tête de cet Etat nucléaire.
Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Kim Jong-il inspecte les troupes le 15 août 2007. (KCNA / KNS / AFP)
  • Une naissance sous le signe de la propagande

Kim Jong-il est le fils de Kim Il-sung, premier dirigeant communiste de la Corée du Nord. Sa venue au monde fait l’objet d’un mythe construit par la dictature stalinienne, relaté en partie dans sa biographie officielle. Le leader serait né le 16 février 1942 sur les pentes du point culminant de la Corée du Nord, accueilli par une étoile au firmament et un arc-en-ciel. Mais comme le souligne Le Monde, “selon toute vraisemblance, Kim Jong-il est né plus prosaïquement dans le village de Vyatskoïe”, en Russie. L’année de naissance exacte serait 1941, “mais la propagande choisit 1942 afin que l’année de sa venue au monde soit un multiple de celle de son père (1912)”. La vie du “Cher Leader” sera ainsi auréolée de nombreuses légendes impulsées par la propagande d’Etat, lors de parades militaires ou même dans les dessins animés.

  • “Le souverain qui transforma la Corée du Nord en Etat nucléaire”

Dans une longue nécrologie de Kim Jong-il, le quotidien américain New York Times évoque “le dictateur solitaire qui maintint la Corée du Nord au bord de la famine et de la chute, envoya au goulag des citoyens jugés déloyaux et transforma le pays en un Etat doté d’armes nucléaires”. Restructurant le socialisme nord-coréen autour de l’armée plutôt que du Parti, Kim Jong-il a fait de son programme nucléaire sa carte maîtresse. Il a ainsi pu défier l’administration Bush et procéder à des essais en 2006 et 2009. 

  • Un manipulateur haut en couleurs

Homme de paradoxes, Kim Jong-il était à la fois un fin stratège et un personnage loufoque. La BBC cite l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright, qui le présentait comme un leader “pas délirant” et “très à jour dans ses dossiers”. Kim Jong-il restera aussi “le grand maniaque de l’esthétique”, selon Le Point. Féru de cinéma, doté d’une cinémathèque de plus de 15 000 films (dont six réalisés par ses soins), il n’hésita pas à “enlever à Hong Kong, en 1978, l’un des plus célèbres metteurs en scène sud-coréens et son ex-femme actrice avant de les inviter à se remarier sous ses yeux”. Celui qui ne voyageait qu’en train blindé se fit aussi remarquer par ses semelles compensées, son amour du cognac et ses nombreuses maîtresses.

  • Un homme qui a fait l'objet de multiples parodies

Comme le souligne Paris Match, Kim Jong-il est devenu synonyme “d’amusement pour la jeunesse occidentale”, qui l’a “découvert par la caricature de 'South Park' et 'Team America', méchant de pacotille qui menaçait le monde d’un nouvel holocauste nucléaire”. Même The Economist s’est déjà moqué du dictateur en "une". Et quelques heures après l’annonce de sa mort, le leader nord-coréen a déjà resurgi sur le web, via une compilation des photomontages les plus drôles, une sélection des meilleurs tweets sur sa mort ou encore un Tumblr se moquant des poses du “Cher Leader” lors de ses visites officielles.

Kim Jong Il, dernier dictateur stalinien de la planète (Gilles Rabine / France 2)

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