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La Corée du Nord à deux doigts de maîtriser l'arme nucléaire
Pyongyang cherche toujours à se doter de l’arme nucléaire, dans l’espoir de sauver un régime aux abois. Le maréchal président affirmait le 31 décembre 2016 en être aux «dernières étapes avant le test d'un missile balistique intercontinental». Selon un diplomate nord-coréen qui vient de faire défection à Londres, Kim Jong-un veut une arme opérationnelle «avant la fin 2017».
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Malgré les sanctions des Nations Unies qui touchent la Corée du Nord depuis 2006, le régime poursuit sans faiblir sa course aux missiles balistiques et à l’arme nucléaire.
«Nous en sommes aux dernières étapes avant le lancement test d'un missile balistique intercontinental», a affirmé le chef de l'Etat nord-coréen dans un discours télévisé pour le nouvel an. La Corée du Nord est désormais «une puissance militaire de l'Orient que même le plus puissant des ennemis ne pourra toucher», a affirmé Kim Jong-un.
Pour le moment, sur huit essais du missile intermédiaire Musudan (d'une portée annoncée de 3.000 km) menés en 2016, un seul a été couronné de succès. Un des missiles lancé en février a parcouru 800 kilomètres avant de plonger dans la mer du Japon. Le deuxième engin, tiré une vingtaine de minutes plus tard, a rapidement disparu des radars.
Mais Pyongyang progresse rapidement. En cas de succès, cette avancée technologique pourrait mettre la côte Ouest des Etats-Unis à portée de tir de la Corée du Nord.
Progrès technologiques rapides
Les analystes sont divisés quant aux capacités nucléaires réelles de Pyongyang, mais tous sont d'accord pour dire que le pays avance dans cette direction.
Les Nord-Coréens ont procédé ces derniers mois à des tests de moteurs de fusée et de boucliers thermiques qui permettent le retour dans l'atmosphère, deux composantes essentielles dans la conception des missiles à longue portée.
Pour Melissa Hanham, chargée de recherches au Middlebury Institute of International Studies de Monterey, en Californie, «l'essentiel, c'est que Pyongyang est bien plus avancé sur la voie du développement de missiles que la plupart des gens ne le pensent». Ainsi, dit-elle, le succès de l'essai de moteur à carburant liquide effectué en avril 2016 a constitué une avancée majeure. «Ce test était stupéfiant, nous savions depuis des années que la Corée du Nord disposait du propulseur de missile de conception soviétique R-27. Ils en ont repensé la conception pour doubler sa capacité de propulsion», ajoute-t-elle. «Je pense que nous assisterons en 2017 au test en vol d'un missile balistique intercontinental», avance-t-elle.
Selon Joshua Pollack, éditeur de la publication spécialisée Non proliferation Review, «un grand nombre d'experts se demandaient s'ils disposaient d'un bouclier thermique qui soit opérationnel. Les Nord-Coréens nous l'ont donc montré.»
Le programme nucléaire est l’objectif incessant d'un régime sous pression (interne et externe), guidé par le seul instinct de survie dans un environnement régional tendu, avec la Corée du Sud et sur fond de rivalité sino-américaine croissante.
2017: bonne fenêtre de tir
Selon l’ancien ambassadeur nord-coréen à Londres, «Kim Jong-un veut à tout prix une arme nucléaire opérationnelle avant la fin 2017», une fenêtre opportune pour Pyongyang car la nouvelle administration à Washington prendra ses marques tandis que l’élection présidentielle est attendue à Séoul.
La déclaration du leader nord-coréen pourrait être une façon «de faire pression sur le président élu Donald Trump», estime Kim Yong-hyun, spécialiste de la Corée du Nord à l'université Dongguk de Séoul.
Donald Trump qui a critiqué «l’attentisme de l’administration Obama», a réagi sur twitter aux déclarations de Kim Jong-un. «Jamais un missile nord-coréen n'atteindra le sol des Etats-Unis, a assuré au soir du 2 janvier 2017 le président élu américain Donald Trump, cela n’arrivera pas», a-t-il écrit via Twitter.
Trump charge Pékin
L’administration Trump, dont le principal objectif est de limiter la montée en puissance de la Chine, a critiqué à cette occasion l’attitude de Pékin dans un style diplomatique auquel il va falloir s’habituer. «La Chine a récupéré une quantité incroyable d'argent et de richesses via son commerce avec les USA, totalement à sens unique, mais elle n'aidera pas pour la Corée du Nord ! Sympa!»
Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, réagissant au tweet de Donald Trump, a assuré le 3 janvier que la Chine «restera engagée pour la dénucléarisation» de la péninsule coréenne.
Pékin est l'unique allié de Pyongyang et son principal soutien diplomatique. L'effondrement du régime à Pyongyang constituerait un scénario catastrophe pour Pékin. Des millions de Nord-Coréens pourraient affluer vers la Chine.
Pire: la Corée du Sud, alliée des Etats-Unis, serait en mesure de réunifier la péninsule coréenne. L'armée américaine pourrait alors être stationnée à la frontière chinoise.
North Korea just stated that it is in the final stages of developing a nuclear weapon capable of reaching parts of the U.S. It won't happen!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 2, 2017
Pékin est l'unique allié de Pyongyang et son principal soutien diplomatique. L'effondrement du régime à Pyongyang constituerait un scénario catastrophe pour Pékin. Des millions de Nord-Coréens pourraient affluer vers la Chine.
Pire: la Corée du Sud, alliée des Etats-Unis, serait en mesure de réunifier la péninsule coréenne. L'armée américaine pourrait alors être stationnée à la frontière chinoise.
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