Quand les photos de Kim Jong-un annoncent des frappes sur les Etats-Unis

Cette photo de l'agence officielle nord-coréenne KCNA est banale, de prime abord. Le dirigeant Kim Jong-un consulte des documents, au cours d'une réunion d'urgence organisée, dans la nuit de jeudi à vendredi 29 mars. Banale ? Pas tout à fait. Une carte accrochée au mur retient l'attention des observateurs, en arrière-plan.

Elle est en effet nommée "plan de frappes des forces stratégiques sur le continent américain", avec des lignes qui semblent dessiner la trajectoire de missiles vers les Etats-Unis. Un large écran, là aussi à l'arrière-plan, énumère les forces navales nord-coréennes mobilisées : "sous-marins - 40, navires de débarquement - 13, dragueurs de mines - 6".

Une fuite intentionnelle ?

Erreur de communication ou manipulation ? "Je ne pense pas que ce soit une erreur, a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense. Je crois que cela a été rendu public de manière intentionnelle, sans doute pour déformer les faits sur la puissance militaire du Nord."

Les experts nourrissent des doutes sur la capacité du pays à envoyer des missiles de très longue portée, malgré le tir réussi, en décembre dernier, d'une fusée dans l'espace. Selon eux, Pyongyang n'est pas non plus en mesure d'atteindre les bases militaires américaines dans le Pacifique, à Guam ou Hawaï.

Une réelle menace ?

Lors de cette réunion d'urgence, Kim Jong-un a décidé de prendre la tête des préparatifs en vue de frapper le continent américain et les bases des Etats-Unis dans le Pacifique. Une hypothétique manœuvre destinée à répondre aux vols d'entraînement de bombardiers furtifs B-2, au-dessus de la Corée du Sud, jeudi. 

Contacté mercredi par francetv info, l'historien Pierre Rigoulot, auteur des Aquariums de Pyongyang (éd. Robert Laffont), a nuancé les menaces adressées par le régime nord-coréen aux Etats-Unis. "Il ne se passe rien de particulier. Côté américain, il y a eu des manœuvres avec les Sud-Coréens, comme chaque année. Et, comme chaque année, les Nord-Coréens menacent."