Crise en Corée du Sud : le Parlement destitue le président Yoon Suk-yeol, qui a tenté d'imposer la loi martiale

Je suis profondément frustré (...) mais je dois me retirer", a déclaré samedi le président à la télévision, appelant à en finir avec "la politique de l'excès et de la confrontation".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, lors d'une déclaration annonçant la proclamation de la loi martiale, le 3 décembre 2024 à Séoul (Corée du Sud). (SOUTH KOREAN PRESIDENTIAL OFFICE / AFP)

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a été destitué au terme d'un vote des députés réunis à Séoul samedi 14 décembre. En cause : son choix, le 3 décembre, d'imposer la loi martiale "pour protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l'Etat". Il avait fait marche arrière six heures plus tard, sous la pression des députés et des manifestants.

Après un premier vote boycotté par le parti du chef de l'Etat le 7 décembre, la motion de destitution a cette fois recueilli les 200 voix nécessaires (204 pour et 85 contre) pour être adoptée. Trois députés se sont abstenus et huit bulletins ont été déclarés nuls, selon le résultat annoncé par le président de la chambre. "Je suis profondément frustré (...) mais je dois me retirer", a déclaré le président à la télévision, appelant à en finir avec "la politique de l'excès et de la confrontation" au profit d'une "politique de délibération et de considération".

L'impopulaire président conservateur a été vivement critiqué et accusé de toutes parts, y compris dans son propre camp, d'avoir ébranlé la jeune démocratie sud-coréenne. Après avoir renoncé à son projet, Yoon Suk-yeol avait présenté ses "excuses sincères", sans présenter sa démission, dans une courte adresse télévisée à la nation. "Je ne fuirai pas mes responsabilités légales et politiques concernant la déclaration de la loi martiale", promettait-il alors.

"La grande victoire du peuple"

Peu avant le décret de la loi martiale, les députés de l'opposition, majoritaires à l'Assemblée nationale, avaient approuvé un programme budgétaire considérablement réduit. Yoon Suk-yeol avait alors accusé le Parti démocrate de couper "tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation, (...) transformant le pays en un paradis de la drogue et en un lieu de chaos pour la sécurité publique". Selon lui, l'Assemblée nationale sud-coréenne était "devenue un refuge de criminels, un repaire de dictature législative qui cherche à paralyser les systèmes administratif et judiciaire et à renverser notre ordre démocratique libéral". 

Samedi, quelques minutes après le vote, l'opposition a salué le vote de l'Assemblée. "La destitution d'aujourd'hui est la grande victoire du peuple et de la démocratie", s'est félicité Park Chan-dae, chef du groupe du Parti démocrate, principale force d'opposition au Parlement. 

Yoon Suk-yeol est désormais officiellement suspendu, dans l'attente de la validation de sa destitution par la Cour constitutionnelle sous 180 jours. Le Premier ministre, Han Duck-soo, assure l'intérim. Ce dernier a promis d'"assurer une gouvernance stable" du pays.

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