Crash du MH17 : pourquoi les séparatistes pro-russes sont pointés du doigt
Les séparatistes pro-russes auraient pu abattre l'avion malaisien après l'avoir pris pour un appareil militaire ukrainien.
Au lendemain du crash en Ukraine du Boeing 777 de Malaysia Arlines, on cherche toujours à connaître les responsabilités. Mais les regards se tournent déjà vers les séparatistes pro-russes, qui auraient pu abattre l'avion malaisien après l'avoir pris pour un appareil militaire ukrainien. C'est ce que révèlent plusieurs éléments parus sur les sites des insurgés et des interceptions des services de sécurité ukrainiens.
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Des séparatistes annoncent avoir abattu un avion militaire
Le "ministre de la Défense" des séparatistes pro-russes Igor Strelkov a indiqué sur sa page Vkontakte (le Facebook russe) que les rebelles avaient abattu un avion de transport militaire ukrainien An-26 à peu près à l'heure et dans la zone du crash de l'avion de ligne malaisien avec 298 personnes à bord.
Il a affiché sur son site une vidéo montrant une épaisse fumée noire s'élevant de l'endroit d'impact de l'appareil abattu. Cette vidéo offre une grande ressemblance avec des images présentées sur YouTube comme étant celles de la chute de l'avion de ligne malaisien.
"On vient d'abattre un An-26 près de Snijné, il traîne quelque part derrière la mine Progress", a écrit à 15h37 (heure française) Igor Strelkov, citoyen russe présenté par les services ukrainiens comme un colonel du renseignement militaire, mais qui a lui-même récemment reconnu être un officier des services de sécurité russes à la retraite. Igor Strelkov ne précise par sur les réseaux sociaux par quel moyen a été abattu l'avion qui volait à une altitude de 10 000 m.
Snijné est une localité proche de l'endroit où l'avion malaisien a été abattu, dans la région de Donetsk, dans une zone contrôlée par les séparatistes pro-russes. L'appareil a disparu des radars à 15h20.
Une conversation entre deux chefs rebelles
Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont publié dans la soirée l'interception de ce qu'ils ont présenté comme une conversation entre deux chefs rebelles après l'examen du lieu du crash.
- "Ce sont les gars du check-point Tchernoukhine qui ont abattu l'avion. Il s'est désintégré dans l'air", dit l'un d'eux, "Major".
- "Et alors?" demande l'autre, "Grek".
- "C'est un avion civil à 100%..."
- "Y a-t-il des armes ?"
- "Non, rien, seulement des affaires civiles."
- "Des documents ?"
- "Il y en a un d'un étudiant indonésien."
Le chef des services de sécurité ukrainien Valentin Nalyvaïtchenko a convoqué dans la soirée une conférence de presse pour souligner que ces conversations "d'officiers du GRU [renseignement militaire russe] avaient été interceptées et transcrites en conformité avec la loi". Un document impossible à authentifier.
Des missiles Bouk saisis
Dans un message affiché sur le compte Twitter officiel de la "République populaire de Donetsk" – qui a été ensuite retiré – les rebelles ont affirmé plus tôt dans la journée avoir saisi "à l'unité ukrainienne A1402" des missiles Bouk capables d'atteindre des cibles à une altitude de 25 km.
Quelques heures avant le crash, le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko a indiqué que les rebelles basés près de Snijné disposaient de systèmes Bouk "destinés à abattre avions et hélicoptères à petite et moyenne altitude" sans préciser de quelle manière ils se les sont procurés.
Immédiatement après la tragédie, un conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, Anton Guerachtchenko, a formulé des accusations bien plus précises, affirmant que l'avion de ligne avait été abattu par un missile Bouk, "gracieusement offert aux terroristes [les rebelles pro-russes] par [le président russe Vladimir] Poutine".
Les rebelles pro-russes ont affirmé de leur côté que l'avion malaisien avait été abattu par les forces armées ukrainiennes, dénonçant une "provocation". L'Ukraine a démenti que son aviation ait effectué des tirs jeudi.
Les accusations des Américains
Les experts du renseignement américain ont d'abord indiqué que l'avion a été abattu par un missile sol-air. Ils ont ensuite examiné les données afin de déterminer l'origine du missile. Vendredi, ils ont porté leurs accusations. Les séparatistes ukrainiens pro-russes ont d'abord été désignés par un rapport des services secrets américains, relate CNN.
Puis l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Samantha Power, a déclaré que le missile a été "probablement" tiré d'une zone à l'est de l'Ukraine contrôlée par les rebelles. Par ailleurs, Washington n'exclut pas que la Russie ait fourni une aide aux séparatistes pour tirer un missile sol-air SA-11. Des accusations reprises à son compte par le président américain Barack Obama.
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