De violentes émeutes ont éclaté le week-end dernier dans la région de Canton, au sud de la Chine
Les incidents, qui auraient éclaté à Zengcheng lorsqu'une jeune marchande ambulante, migrante et enceinte, a été malmenée et jetée au sol par les forces de l'ordre, avaient déjà été rapportés lundi par des médias chinois.
Mercredi, ce sont des habitants qui ont rapporté auprès de l'AFP des scènes d'émeutes "terrifiantes" dans la région.
"C'était effrayant, la chose la plus effrayante que j'aie jamais vue", a confié Chao, 27 ans, propriétaire d'un magasin de jeans à Zengcheng, district spécialisé dans la fabrication de la toile denim, située à une heure et demie en voiture de Canton.
"Il y avait des milliers de manifestants. Ils ont mis le feu à un immeuble. Ils ont renversé des voitures de police et les ont incendiées. Quelques centaines de policiers sont alors arrivés et ont commencé à tabasser les gens à l'aide de matraques en fer", a ajouté Chao, qui n'a pas souhaité révéler son identité.
Plusieurs centaines de travailleurs migrants originaires de la région du Sichuan, au centre de la Chine, ont pris part aux émeutes. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et des véhicules blindés ont été déployés en renfort. Des manifestants ont été interpellés et menottés.
Zengcheng, une ville encerclée de toutes parts par un labyrinthe de taudis et d'ateliers de blue-jeans où vivent et travaillent les migrants, est devenue en quelques années une importante plate-forme d'exportation pour le prêt-à-porter.
Plus de la moitié de la ville, qui compte 800.000 habitants, est constituée de migrants, majoritairement venus du Sichuan.
Pékin inquiet des émeutes en série
Des milliers d'émeutes ou de troubles sociaux sont enregistrés chaque année en Chine, où la très forte croissance économique a tendance à exacerber les tensions, alimentées par
les écarts de revenus, la corruption ou bien encore les affaires de pollution industrielle et les expropriations forcées.
Les autorités chinoises, qui semblent peiner à rétablir le calme, sont particulièrement vigilantes face à ces troubles sociaux en raison des révoltes en cours dans le monde arabe. La révolution en Tunisie a en effet eu pour élément déclencheur l'immolation d'un jeune marchand malmené par les forces de l'ordre, un incident qui ressemble fort à celui qui a déclenché les émeutes de Zengcheng le week-end passé.
Un rapport craint pour la stabilité du pays à terme
Dans un rapport paru mardi, l'un des plus importants groupes de réflexion du pays, le centre de recherche du Conseil d'Etat sur le développement, estime que les millions de migrants des campagnes finiront par menacer la stabilité du pays si leur situation ne s'améliore pas.
Il déplore que ces derniers soient "marginalisés dans les villes, traités comme une main d'oeuvre bon marché, non intégrés et même négligés, discriminés".
Selon les dernières statistiques officielles, la Chine compte environ 145 millions de travailleurs ruraux venus chercher un meilleur emploi en zone urbaine.
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