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Des gazouillis signés Chavez : le serial-twittos ne répond plus

1.824 tweets et plus de 4 millions d'abonnés, le compte Twitter d'Hugo Chavez était l'un des plus populaires au monde après celui du président des Etats-Unis, Barack Obama. D'abord considéré comme un outil dangereux, le site de micro-blogging est vite devenu, pour le dirigeant vénézuélien, un outil de communication politique incontournable.
Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Franceinfo (Franceinfo)

Twitter gazouillera plus feutré. Du
moins est-il désormais privé des quelque 1.824 tweets d'Hugo Chavez, le
président aux plus de quatre millions de followers. Un réservoir d'abonnés qui plaçait le
dirigeant vénézuélien immédiatement après Barack Obama dans le classement des
comptes Twitter les plus populaires au monde. 

Un outil de terreur susceptible de déstabiliser le régime

Pourtant, l'idylle entre le réseau de micro-blogging et Hugo Chavez n'a pas toujours été si paisible. Avant qu'il ne s'y
attarde pour, finalement, en faire son canal de communication privilégié, Hugo
Chavez s'en méfie : trop dangereux, certainement beaucoup trop "libre ".
Un outil, estime-t-il alors de... " terreur ", susceptible de déstabiliser
le régime. Autant de raisons qui motivent le dirigeant à demander à l'Assemblée
nationale de légiférer sur la régulation des réseaux sociaux.

Tollé dans l'opinion, qui se mobilise sur Internet et sur
Twitter pour protester. En février 2010, le hashtag fait le buzz :
l'opposition l'utilise sur le réseau pour critiquer à grands renforts de tweets
les coups de canifs du Comandante à la liberté de la presse. C'est le quatrième
sujet le plus commenté au monde sur Twitter...

Un mois plus tard, Hugo Chavez change de stratégie : en
avril 2010, Diosdado Cabello, le directeur de l'agence officielle de presse au
Venezuela annonce que : "Comandante Chavez is going to open his Twitter
account soon to wage the battle online
".  

En gros : le président Chavez va bientôt ouvrir
un compte sur Twitter pour continuer la bataille en ligne... But de la manœuvre,
selon les propres mots de l'intéressé: devenir un "activiste cybernétique de la révolution
bolivarienne
" afin de "contrer l'influence de l'opposition sur les réseaux
sociaux
" et de faire la guerre à ceux qui conspirent contre lui.

200 collaborateurs recrutés pour répondre aux followers

Quelques jours plus tard, Hugo Chavez twitte pour la
première fois depuis son compte @chavezcandanga. "Chavez taquin ",
en somme. Ceci fait, c'est le début de la twit-success-story : des centaines de
milliers de Vénézuéliens suivent le président. Parfois par curiosité. Souvent
pour demander du travail, ou un logement. Le succès est tel que c'est un
cabinet spécial de 200 collaborateurs recrutés pour l'occasion, qui épluche chaque tweet et répond,
parfois, aux demandes des followers (les "suiveurs ").

 

L'addiction, subie ou calculée, ne tarde pas : tout
juste est-il réélu président du pays, en octobre dernier, qu'il choisit le réseau social pour
annoncer le remaniement à venir. Pas de discours fleuve. Pas d'envolée lyrique :
le Comandante prévient les foules en 140 signes. Si Twitter semble l'amuser, c'est
avant tout pour lui un moyen efficace pour communiquer avec ses
concitoyens : près de 40% de ses tweets sont ainsi des réponses à d'autres
tweets. On est très loin des très cliniques "Ce soir, je serai à la mairie
de ... pour... réforme... de...
" des politiques français, écrits par d'autres
mains que les leurs.

Une maison pour le trois millionième abonné

Le 28 mai, pour récompenser son trois millionième abonné, il
lui offre une maison : la jeune gagnante, 19 ans, @Nathaliaval7, reçoit un
"Salut ma chère Natalia ! Tu es devenue la trois millionième
abonnée de @ChavezCandanga ! Merci à toi et félicitations !
". On
a connu plus doux en termes de démarche marketing : on peut légitimement
penser que la jeune fille est désormais une fan inconditionnelle de ce
communiquant au nez fin : "Muaaaaaaa Te quiero Demasiado !!! Je je je mi corazoncito  Gracias
a sus politicas aqui en Vzla somos 
 ",
lit-on sur le compte de la jeune étudiante.

Littéralement : "Je t'aime trop, mon petit cœur !
Grâce à ta politique, nous sommes très heureux au Venezuela
". Le 10 janvier 2012, elle y exhibe encore sa foi en son "ami" Chavez :

"Aux trois millions de Candanguiens et Candanguiennes, j'envoie
un remerciement spécial ! Et nous poursuivons aussi par ce biais la bataille
des idées !
", écrit le dirigeant vénézuélien pour remercier les
internautes qui le suivent. Quelques heures plus tard, son compte était suivi
par plus d'un millier d'internautes supplémentaires.

 

Des messages sur sa santé

Messages personnels à d'autres dirigeants (Castro, Lula...),
slogans socialistes, ou enthousiasme du moment, Chavez s'en donne à cœur joie. En
juin 2012, c'est toujours sur Twitter qu'il annonce qu'il est hospitalisé à la
Havanne
. C'est par le même canal qu'il annonce qu'il est atteint d'un cancer :
la date signe une accélération dans la propension à twitter du Comandante.
Privé de plateau de télévision, et notamment de celui d' "Allô
Président !
", qui accueillait ses interventions, Chavez y trouve un
moyen pratique de diriger le pays et garder le contact avec les Vénézuéliens.

Puis son état de santé se dégrade : en début d'année
2013, le pays est suspendu aux mots de son dirigeant sur Twitter. Après son retour de Cuba, où il a suvi en décembre dernier sa quatrième opération, Hugo Chavez livre au compte-gouttes des messages sur son état de forme. Le 18 février, il est admis à l'hôpital militaire de Caracas. Son dernier tweet, celui que les Vénézuéliens garderont comme leur dernier souvenir du Comandante, jamais reparu en public depuis :

("Je suis toujours attaché au Christ et à la confiance de mes médecins et infirmières. Hasta la victoria siempre !! Nous vivrons et vaincrons !!!" )

 

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