Egypte : 529 membres des Frères musulmans ont été condamnés à mort, selon l'avocat du mouvement
Depuis que l'armée a destitué Mohamed Morsi le 3 juillet, une répression implacable s'est depuis abattue sur la confrérie.
En Egypte, 529 membres des Frères musulmans ont été condamnés à mort, lundi 24 mars, pour des violences commises durant l'été. Il s'agit de partisans du président déchu Mohamed Morsi. Dans le même temps, le tribunal a acquitté 16 personnes, selon l'avocat des Frères musulmans Ahmed Al-Charif. Les condamnés peuvent faire appel.
Seuls 153 des condamnés sont détenus, les autres étant en fuite, ont précisé ces sources. Depuis que l'armée a destitué Mohamed Morsi le 3 juillet, 1 400 de ses partisans ont été tués dans la répression et plusieurs milliers emprisonnés. Fin décembre, les nouvelles autorités ont déclaré "terroriste" le mouvement islamiste égyptien vieux de 85 ans auquel il appartient, les Frères musulmans. Depuis, lui appartenir, posséder sa littérature ou participer à ses manifestations est passible de peines de prison.
Un total de 1 200 personnes jugées
Tous les accusés, tous Frères musulmans, ont du répondre de violences ayant causé la mort de deux policiers et d'attaques contre des biens publics et privés le 14 août dans le gouvernorat de Minya, à 250 km au sud du Caire. Au cour de cette journée, la plus sanglante de l'histoire récente de l'Egypte, policiers et soldats avaient lancé l'assaut sur deux rassemblements pro-Morsi au Caire, faisant des centaines de morts et embrasant le pays déjà secoué par des violences quotidiennes depuis la destitution de l'ancien président Mohamed Morsi, membre de la confrérie des Frères musulmans élu démocratiquement.
L'ampleur de cette condamnation est considérée comme inédite : selon le site deathpenaltywordwide (lien en anglais), au moins 396 personnes ont été condamnées à morts depuis 2007. Or, il s'agit cette fois d'un seul verdict.
La quasi-totalité des Frères musulmans arrêtés
La quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans sont actuellement jugés et encourent la peine de mort, à l'image de Mohamed Morsi lui-même. Ainsi, le Guide suprême de l'influente confrérie qui avait remporté toutes les élections depuis la révolte de 2011, Mohammed Badie figure parmi les accusés du procès de Minya.
Depuis la destitution par l'armée le 3 juillet de Mohamed Morsi, seul président jamais élu démocratiquement par l'armée, 1 400 partisans de l'ancien président ont été tués dans une sanglante répression. Des milliers de personnes, en majorité des islamistes, ont été emprisonnées. Par ailleurs, la répression s'est désormais élargie à l'opposition laïque au nouveau pouvoir dirigé de facto par l'armée, selon Amnesty International.
Les 529 condamnés à mort pourront vraisemblablement faire appel
Selon des experts cités par l'AFP, la loi égyptienne prévoit un nouveau procès pour tout accusé en fuite qui se rend à la justice et un appel devant la Cour de cassation devrait selon toute vraisemblance permettre aux condamnés actuellement en détention d'obtenir également un nouveau procès ou de voir leur peine commuée.
En outre, la peine de mort doit encore être validée par le mufti, représentant de l'islam auprès de l'Etat.
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