Egypte : l'ancien président Hosni Moubarak est sorti de prison
L'ex-raïs a été placé en résidence surveillée dans un hôpital militaire du Caire, après que la justice égyptienne a accepté sa remise en liberté.
Hosni Moubarak est sorti de prison, jeudi 22 août, en Egypte. Mercredi, la justice égyptienne avait ordonné la remise en liberté de l'ex-président, renversé en 2011 par une révolte populaire. Une décision qui s'explique par le fait que toutes les charges justifiant son maintien en détention ont été levées et que la période maximum de détention préventive est arrivée à son terme.
Jeudi, le parquet général ne s'est pas opposé à la libération de l'ancien président et la justice a ordonné aux autorités pénitentiaires de le remettre en liberté. Mais l'ancien raïs reste poursuivi en appel pour "complicité de meurtres" dans la répression du soulèvement de l'hiver 2011, et son procès reprendra dimanche au Caire.
Une assignation à résidence
Dès mercredi, l'armée, qui dirige de facto le pays depuis qu'elle a destitué le 3 juillet le successeur de l'ex-raïs, Mohamed Morsi, a immédiatement coupé court aux spéculations en prévenant que Hosni Moubarak, détenu depuis avril 2011, serait "assigné à résidence".
Comme annoncé, un hélicoptère militaire est venu le chercher à la prison de Tora, au Caire. Et Hosni Moubarak, âgé de 85 ans et malade, a été transféré dans un des hôpitaux militaires où il a déjà séjourné depuis son arrestation.
En le plaçant en résidence surveillée, le nouveau pouvoir égyptien veut vraisemblablement éviter d'être accusé d'une trop grande clémence envers l'homme qui a dirigé l'Egypte pendant trente ans. Et éviter de susciter la colère des Egyptiens qui ont manifesté contre son régime autoritaire et abouti à son renversement en 2011.
La crainte d'une contre-révolution
Hosni Moubarak ne jouera probablement plus aucun rôle politique. Mais cette décision risque d'aggraver des tensions toujours très vives dans un pays divisé, sept semaines après l'éviction du président islamiste démocratiquement élu. Aux yeux des détracteurs de Moubarak, sa remise en liberté pourrait passer pour une tentative de réhabilitation du régime renversé, voire une contre-révolution, alors que les forces de l'ordre continuent à arrêter des personnalités liées aux Frères musulmans. "L'armée a ramené le régime de Moubarak (…) Ceux qui ont été élus par le peuple sont maintenant en prison", s'est ainsi indigné un Cairote interrogé par Reuters.
Dans le camp libéral et laïque, favorable à l'éviction de Mohamed Morsi et hostile à Hosni Moubarak, on regrette sa remise en liberté tout en insistant sur le respect des décisions judiciaires. "C'est un processus faussé depuis le début", a déploré Khaled Daoud, porte-parole du parti libéral Dostour, évoquant les moyens insuffisants de l'appareil judiciaire qui ont, selon lui, conduit à l'acquittement de plusieurs membres de l'ancien régime. Deux groupes de militants ont d'ailleurs déjà appelé à des sit-in au Caire pour protester contre cette libération.
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