Egypte : tentatives d'apaisement après un week-end meurtrier
Le climat est resté tendu au Caire. Dimanche, les pro-Morsi ont même renoncé à plusieurs manifestations pour des raisons de sécurité. Résumé.
Après un "vendredi de la colère" meurtrier, le week-end est resté tendu en Egypte, notamment au Caire. Samedi 17 août, une mosquée où s'étaient retranchés des partisans du président déchu Mohamed Morsi a été évacuée. Dimanche, ces derniers ont même renoncé à plusieurs manifestations pour des raisons de sécurité. Dans le même temps, le gouvernement a interdit les milices anti-islamistes lancées par Tamarrod, le mouvement à l'origine de la manifestation du 30 juin. En tout, plus de 830 personnes sont mortes depuis mercredi et le regain de violences politiques. Résumé.
Des islamistes tués lors d'une tentative d'évasion
Trente-six détenus islamistes égyptiens ont été tués, dimanche, lors d'une tentative d'évasion au cours de leur transfert vers une prison près du Caire. Ils font tous partie des Frères musulmans, la confrérie islamiste de Mohamed Morsi, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Le convoi transportait plus de 600 Frères musulmans et sympathisants vers une prison située en banlieue de la capitale égyptienne. Certains ont enlevé un officier de police en tentant de s'évader.
"Trente-six sont morts asphyxiés ou écrasés après que la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour empêcher l'évasion", précise le ministère. L'Alliance contre le coup d'Etat, qui organise depuis un mois et demi les manifestations pro-Morsi, a dénoncé l'"assassinat" de 52 détenus de ce convoi.
Les Frères musulmans renoncent à des manifestations
Ils avaient pourtant appelé à se rassembler tous les jours jusqu'à "la fin du coup d'Etat". Les partisans de Morsi, destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet ont annoncé, dimanche 18 août, l'annulation, au Caire, de certaines des neuf manifestations convoquées le matin même, pour des raisons de sécurité.
L'armée ne cède rien
Le gouvernement de transition a tenté, dimanche, d'apaiser la situation sans pour autant renoncer à un discours ferme. D'abord, le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, a affirmé dans sa première déclaration depuis le début des heurts : "Quiconque imagine que la violence fera plier l'Etat et les Egyptiens doit revoir sa position, nous ne resterons jamais silencieux face à la destruction du pays."
Abdel Fattah al-Sissi a promis aux islamistes qui ont choisi la violence une riposte "des plus énergiques", sans considération apparente pour le tollé déclenché dans les pays occidentaux dont certains parlent de "massacres".
Le gouvernement interdit les milices anti-islamistes
Ensuite, le ministère égyptien de l'Intérieur a annoncé l'interdiction des "comités populaires". Ces groupes d'autodéfense se sont formés à l'appel de Tamarrod, la coalition hétéroclite qui a mené le front anti-Morsi depuis juin. Composés en général de jeunes armés, ils avaient installé des barrages, fouillant les véhicules et vérifiant les papiers d'identité à l'entrée de certains quartiers ou rues. L'Intérieur a affirmé dans un communiqué avoir pris cette décision car ces groupes mènent "des actions illégales".
Une réunion à Bruxelles
Lundi à Bruxelles, en prélude à une possible réunion des ministres des Affaires étrangères, se tiendra une première rencontre diplomatique de haut niveau pour examiner la situation en Egypte. Dimanche, les dirigeants de l'Union européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, ont averti le gouvernement égyptien que l'UE était prête à "réexaminer" ses relations avec l'Egypte s'il n'était pas mis fin aux violences. Ils estiment que la responsabilité d'un retour au calme incombe à l'armée et au gouvernement.
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