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Elections américaines : les stars de demain

De nouvelles têtes sont apparues aux conventions républicaine et démocrate à Tampa et Charlotte. Les deux camps misent sur cette nouvelle génération d'hommes et de femmes politiques qui incarnent, pour la plupart, le rêve américain. Zoom sur quatre d'entre eux.
Article rédigé par Mélody Piu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
  (Brian Snyder Reuters)

La convention nationale républicaine à
Tampa
(Floride, sud-est) et celle des démocrates à Charlotte (Caroline
du Nord) viennent de s'achever. Rampes de lancement de la campagne présidentielle américaine, ces rassemblements sont également l'occasion pour chaque parti de
présenter un vivier de jeunes talents prometteurs et** dont la diversité dans
les origines n'est pas le moindre atout. Jamais, peut-être, le vote des
minorités nationales n'aura autant compté pour des élections présidentielles, et sans compter les suivantes.

La population hispanique, qui représente plus de 9% de l'électorat
américain (12 millions de personnes), est au cœur de la guerre de
séduction que se livrent républicains et démocrates. Chaque parti a  donc trouvé
son poulain : chez les républicains, le jeune sénateur cubano-américain
de Floride, Marco Rubio, et pour les démocrates, le maire de San Antonio
(Texas), Julián Castro. Portraits de ces stars de demain. 

Marco Rubio, l'"Obama républicain "

A 41 ans, le télégénique Marco Rubio, a souvent été mentionné comme un choix
potentiel pour la vice-présidence dans le camp républicain. Persuadé que ce
jeune sénateur saura restaurer la confiance des hispano-américains,
Mitt Romney en a fait un acteur incontournable de sa campagne.

Surnommé "l'Obama républicain ", il incarne à lui seul le rêve américain. Fils d'exilés cubains contraints d'abandonner leur pays à cause de Fidel Castro, Rubio obtient une
bourse universitaire grâce à ses performances au football américain. Il commence sa carrière politique en devenant Président de la Chambre des
représentants de l'État de Floride de 2006 à 2008. Mais c'est à partir de novembre 2010 qu'il est propulsé sur le devant de la scène, lorsqu'il bat notamment le républicain modéré Charlie Crist aux sénatoriales de Floride.

Partisan du fameux Dream Act, (développement, secours et éducation pour les
mineurs étrangers), il a notamment proposé une loi qui permettrait aux jeunes immigrés en situation irrégulière —et qui ont ont obtenu leur diplôme d'études secondaires, de pouvoir rester sur le sol américain. Mais plusieurs conservateurs s'opposent encore à cette loi.

La success story du démocrate Julián Castro

Agés de 37 ans, Julián Castro
est, lui, le plus jeune maire de la septième plus grande ville des États-Unis : San
Antonio au Texas, un état réputé traditionnellement républicain. D'origine mexicaine, il est devenu l'une des stars montantes du Parti démocrate alors qu'il y a deux ans, il était encore inconnu au bataillon. Surnommé le "Barack Obama version chicano ", il personnifie au même titre que son adversaire, Marco Rubio, l'"American Dream ".

Issu d'une famille modeste, il a attrapé le virus de la politique par sa mère Rosie, une activiste qui a défendu les droits des Américains d'origine mexicaine. Avec son frère jumeau, Joaquin, il poursuit le même cursus universitaire. Étudiants exemplaires, ils décrochent un diplôme en "sciences
politiques et communication" à l'Université de Stanford, en 1996, puis le très prestigieux diplôme de la Harvard Law School, en 2000.

Après sa défaite aux élections municipales de 2005, il est élu maire de San Antonio en 2009. Très populaire, il est réélu en 2011 avec 81% des voix. Mais pour le modeste Julian Castro, "Mon histoire n'a rien d'extraordinaire, c'est ce pays qui l'est" a t-il déclaré à la Convention Démocrate.

Depuis la
controverse sur
le "viol véritable "
du républicain Tood Akin, la condition des femmes est aussi devenue un enjeu important de la campagne américaine. Pour cela, le camp démocrate a choisi une étudiante en
droit de Georgetown, Sandra Fluke, entrée malgré elle sur la scène
politico-médiatique. Les Républicains ont quant à eux mis en avant, la gouverneure indo-américaine de Caroline du
Sud, Nikki
Haley.

Nikki Haley, la charismatique conservatrice

A 40 ans, Nimrata Nikki Haley Randhawa, mieux connue sous le
nom de Nikki Haley, est un atout de taille pour le candidat Mitt Romney. Non
seulement parce que c'est une femme jeune et combative, mais surtout parce qu'elle
incarne, comme tous les nouveaux venus, le fameux rêve américain. Fille d'immigrés
sikhs, ses parents sont arrivés sur le sol américain dans les années 1960. Partis de rien, ils sont devenus multimillionnaires au pays de l'oncle Sam, en créant une entreprise de
vêtements de luxe.

Diplômée en comptabilité à l'Université Clemson, Nikki Haley
travaille dans la société de ses parents, avant de se
lancer dans la politique. En 1998, elle débute à la Chambre du comté d'Orangeburg (Caroline du Sud) au conseil
d'administration et de commerce, puis elle devient en 2004 la Présidente de l'Association
nationale des femmes propriétaires d'entreprises. Fréquentant de plus en plus
le milieu conservateur, la passionnée de politique devient, à l'âge de 38 ans, la plus jeune gouverneure des États-Unis en 2010, et la première femme à la tête de la Caroline du Sud.

Cette
proche du Tea Party est notamment soutenue par Sarah Palin, ancienne gouverneure de l'Alaska. Favorable aux armes, et contre l'avortement, elle a voté pour les projets de loi qui protègent le fœtus. Décrite comme l'une des plus grandes conservatrices fiscales au sein du gouvernement d'État, elle plaide pour moins d'impôts et de dépenses publiques. Nikki Haley milite pour une meilleure application des lois sur l'immigration et elle a notamment critiqué l'opposition de Barack Obama au durcissement de la lutte contre l'immigration clandestine. 

Sandra Fluke, le symbole féminin du parti démocrate

L'affaire du républicain Todd Akin a aussi marqué le camp démocrate, qui a voulu valoriser les
droits des femmes, avec une candidate symbolique : la
jeune trentenaire Sandra Fluke, apparue pendant la convention de Charlotte.

Le choix de cette dernière était justifié : elle avait
été qualifiée de "salope " par Rush Limbaugh,
un
animateur radio ultra conservateur, pour avoir défendu devant des élus, le remboursement de la
pilule par l'assurance-santé. "Elle veut être payée pour avoir des relations
sexuelles
", avait ajouté l'animateur à l'antenne.

Diplômée en droit à Georgetown Law School, elle a notamment travaillé avec la ville de New York pour l'accès équitable des familles aux tribunaux, ainsi que la prise en charge des personnes victimes de violences domestiques ou sexuelles. Cette activiste a également travaillé sur les enfants victimes de l'esclavage.

"Dans cette Amérique, votre nouveau président pourrait
être un homme qui ne fait rien quand un personnage public tente de réduire au
silence une citoyenne avec des insultes pleines de haine" (Mise en
garde de la démocrate Sandra Fluke contre les républicains, sans nommer Mitt
Romney)

"Ce
serait une Amérique avec un nouveau vice-président, auteur d'un texte de loi
qui laisserait des femmes enceintes mourir dans nos salles d'urgences [...] Mais ce
n'est pas l'Amérique que nous devrions être et ce n'est pas ce que nous
sommes
" conclut Sandra Fluke.

 

 

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