Angela Merkel a annoncé la fermeture immédiate pour 3 mois des 7 réacteurs mis en service en Allemagne avant la fin 1980
La chancelière a tranché mardi, alors que la crise nucléaire au Japon consécutive au séisme de vendredi prend une tournure alarmante, et devant l'inquiétude des Allemands très majoritairement hostiles au nucléaire.
L'Union européenne a annoncé de son côté qu'elle allait envisager des tests de résistance des centrales nucléaires.
L'organisation de tels tests doit être débattue mardi lors d'une réunion d'urgence convoquée par la Commission européenne, a indiqué une porte-parole.
A Berlin, la dirigeante du gouvernement allemand a donc décidé pour sa part de geler pour trois mois le sursis qui avait été accordé en 2010 aux 17 réacteurs en service dans le pays. Les 17 centrales atomiques allemandes, dont la coalition de gauche du chancelier Gerhard Schröder avait décidé l'arrêt progressif voici une douzaine d'années, ont vu leur durée de vie prolongée en 2009 par la coalition de droite que dirige Angela Merkel.
La chancelière s'entretenait mardi matin avec les dirigeants des Etats régionaux où sont installés des réacteurs, pour évoquer les modalités concrètes de ce moratoire. Des discussions avec les groupes énergétiques concernés devaient également décider des modalités d'un arrêt.
Selon un sondage de la chaîne publique ARD réalisé après les explosions dans la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, 80% des Allemands souhaitent un arrêt définitif des centrales. La chancelière devait agir vite en raison d'échéances électorales régionales de prime importance pour son camp conservateur.
De son côté, le lobby de l'énergie nucléaire en Allemagne avait tenté -en vain- lundi de rassurer après les incidents ayant touché le Japon et de justifier l'allongement récemment décidé de la durée de vie des réacteurs allemands. "La principale cause de problèmes au Japon n'est pas le tremblement de terre mais le tsunami, or c'est quelque chose qui ne peut pas arriver ici", assure dans le quotidien Bild le patron du numéro deux allemand de l'énergie RWE, Jürgen Grossmann.
Depuis le séisme au Japon, le débat relancé en Europe
Face aux difficultés rencontrées dans les centrales nucléaires nippones après le séisme, plusieurs pays européens s'interrogent.
La Suisse, non membre de l'UE, a pris les devants lundi en suspendant ses projets de renouvellement de centrales nucléaires, en l'attente d'éventuelles "normes plus strictes".
En Autriche, le ministre de l'Environnement Nikolaus Berlakovitch, dont le pays refuse l'énergie de l'atome, a mis ses partenaires au pied du mur lors d'une réunion lundi à Bruxelles avec ses homologues de l'Union européenne, en réclament des vérifications sur toutes les centrales. "Nos voisins misent tous sur l'énergie nucléaire ", a-t-il déploré, "nous, nous réclamons la sécurité maximale pour la population autrichienne et tous nos voisins doivent pouvoir la garantir à leur propres populations." L'Autriche, qui a rejeté le nucléaire en 1978, "veut des tests de résistance pour les centrales nucléaires en Europe et cela doit avoir lieu rapidement", a-t-il réclamé.
La plupart des pays de l'Union européenne ont des centrales nucléaires: Royaume-Uni (9 et 19), Allemagne (12 et 17), Suède (7 et 16), Espagne (6 et 9), Belgique (2 et 7), Finlande (4 réacteurs), Hongrie (4), Bulgarie (2), Grèce (1), Lituanie (1), Pays-Bas (2), Roumanie (2), Slovaquie (4), Slovénie (1) et République Tchèque (6).
"Sont-elles résistantes aux tremblements de terre ? Comment fonctionnent leurs systèmes de refroidissement des réacteurs ?", s'est inquiété le ministre autrichien Nikolaus Berlakovitch.
"Nous voulons le nouveau de sécurité le plus élevé", a pour sa part assuré la ministre française Nathalie Kosciusko-Morizet. "La France, qui exploite de nombreuses installations, plaide pour un niveau de sécurité le plus homogène possible", a-t-elle ajouté.
En France, les autorités françaises ont réussi à faire inscrire le nucléaire comme "source d'énergie faiblement carbonée" pouvant entrer dans la composition du bouquet énergétique des pays de l'UE, dans le cadre des efforts de lutte contre le réchauffement climatique.
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