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Attaques de goélands dans le sud-est de l'Angleterre : "J'avais du sang sur la tête, j'ai eu très peur"

Ces dernières semaines, les oiseaux marins ont blessé plusieurs personnes et tué des animaux domestiques. Francetv info a recueilli des témoignages d'habitants, de victimes et de spécialistes.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Des goélands sur la plage de Brighton (Royaume-Uni), le 6 août 2015. (GLYN KIRK / AFP)

Ce ne sont pas Les oiseaux d'Alfred Hitchcock, mais ça commence à y ressembler. Depuis un mois, plusieurs cas d'attaques de goélands sur des promeneurs et des animaux domestiques préoccupent le comté de Cornouailles, dans le sud-ouest de l'Angleterre (Royaume-Uni). La confusion est telle que le Premier ministre, David Cameron, a appelé à un débat national sur la question, fin juillet. Francetv info a recueilli les témoignages de personnes concernées par la situation.

Une retraitée, un enfant, un chien et une tortue attaqués

Le 18 juillet, Sue Atkinson, une retraitée britannique de 66 ans, est en train de promener son chien, dans la petite ville d'Helston, lorsqu'elle se fait attaquer par un goéland : "J'ai senti quelque chose arriver sur ma tête à toute allure, explique-t-elle à francetv info, je me suis aperçu que c'était un goéland. Il s'est éloigné puis est revenu me piquer le dessus de la tête. J'avais du sang sur la tête, j'ai eu très peur !" La retraitée se précipite chez elle et prévient ses voisins, qui la conduisent à l'hôpital. Après quelques points de suture, elle rentre à la maison, abasourdie par ce qu'elle vient de vivre. "Je n'avais pas de nourriture sur moi. J'ai marché à côté d'un poussin, la mère m'a sans doute attaqué pour défendre son petit."

Cornish pensioner rushed to hospital following seagull attack http://t.co/yKDLJSu7Cr pic.twitter.com/UEuS0EdY37

— Bath Chronicle (@BathChron) 24 Juillet 2015

(vidéo en anglais)

Sue Atkison n'est pas la première "victime" des goélands. La veille, un enfant de 4 ans, James Bryce, a été attaqué alors qu'il mangeait un feuilleté à la saucisse à Saint Yves, également dans le comté de Cornouailles. La famille était en train de prendre son déjeuner lorsque l'oiseau s'est rué sur l'enfant pour lui voler son repas, mordant son doigt par la même occasion, relate The Cornish man*

Deux jours auparavant, Roo, un chien de race yorkshire, a été tué dans le jardin de ses propriétaires, près de Newquay. Agé de 8 ans, il a été attaqué à la tête et est mort de ses blessures. "Mon fils était avec Roo dans le jardin quand je l'ai entendu crier que le chien saignait, raconte Emily Vincent, la propriétaire du chien, au Telegraph (en anglais). Il y avait du sang partout. C'était comme une scène de meurtre."

Le lendemain, une tortue domestique meurt après l'attaque d'un goéland à Likseard, à 50 kilomètres de Newquay : "Les goélands ont  retourné la tortue et lui ont donné des coups de bec, confie Jane Byrne, la propriétaire, à la BBC. Nous sommes dévastés."

Le goéland, nouvel "ennemi public numéro 1" 

Après ces attaques, les tabloïds britanniques se sont emparés de ces histoires pour en faire leurs gros titres, quitte à verser dans l'exagération. Le 23 juillet, le Daily Star titre : "Des goélands fous tiennent les immigrants à distance" ; le Mail récolte des témoignages de la ville de Whitehaven, située plus au Nord, dans le comté de Cumbria, où l'on qualifie les oiseaux "d'ennemis publics numéro 1" et de "rats volants". Le Telegraph évoque quand à lui un goéland écossais "psychopathe", photographié en train de dévorer un étourneau. Même le très sérieux quotidien Times évoque l'histoire des "goélands tueurs".

En écho à cette frénésie médiatique, certaines villes de Cornouailles adoptent des dispositions pour prévenir les attaques. Ainsi, la commune de Truro repeint certains de ses lampadaires avec une peinture "anti-goélands" dont les reflets dissuadent les oiseaux de s'y poser. A Saint Yves, on hisse des drapeaux multicolores autour du port pour faire fuir les oiseaux agressifs.

Interrogé par la BBC, David Cameron propose d'organiser un grand débat sur la question : "A la lecture des journaux ce matin, et vu l'agressivité des goélands, il est clair que nous avons un problème." Cependant, la situation n'est pas facile à résoudre. Le goéland argenté est en effet une espèce protégée dans le pays depuis 1981.

En cause : la pollution et la raréfaction des poissons

La population des goélands argentés a été réduite de moitié depuis les années 1970. Une étude menée entre 1969 et 1970 a comptabilisé 343 586 couples de goélands au Royaume-Uni. En 2000, ils ne sont plus que 149 177, explique la BBC.

"A cause de la pollution dans les ports, de la diminution du nombre de poissons dans les mers et des maladies, les goélands disparaissent, explique Tony Whitehead, membre de RSPB (Royal society for the protection of birds), contacté par francetv info. C'est pour ça qu'ils sont de plus en plus nombreux à rechercher de la nourriture dans les villes, à faire les poubelles et à installer leurs nids sur les toits des habitations." 

Les villes de la côte de Cornouailles en ont l'habitude : la plupart ont installé des panneaux près des plages pour déconseiller aux promeneurs de nourrir les oiseaux.

 

Bounty hunting in Looe #Cornwall #seagulls #enemy #guardyourchips

Une photo publiée par arronpalmer (@arronpalmer) le 26 Juil. 2015 à 2h15 PDT

"Tout le monde sait ça, assure Lynn Simms, une habitante de Polkerris. Les habitants savent très bien qu'il ne faut pas les nourrir ni les attirer, surtout lorsqu'il y a des poussins", raconte cette Anglaise contactée par francetv info. D'autant plus qu'en été, les poussins viennent juste de naître : "Les mères sont très protectrices et elles attaquent, détaille Viola Ross-Smith, de la Fondation britannique d'ornithologie, contactée par francetv info. C'est très triste ce qui est arrivé, mais ça reste des cas isolés. Le vrai problème, c'est la disparition de l'écosystème de ces goélands. Et pour cela, le gouvernement ne fait pas grand-chose."

En juin 2015, le ministre des Finances, George Osborne, a même supprimé un budget de 250 000 livres (350 000 euros) destiné à financer une étude sur le problème des goélands. Osborne a en effet estimé que ce n'était pas une priorité. Les derniers événements pourraient convaincre le gouvernement de changer d'avis.

* Tous les liens de médias sont en anglais.

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