La présidente de Sea Shepherd France "n'attend absolument rien" de la nouvelle audience de Paul Watson au tribunal groenlandais
Pour la quatrième fois en trois mois de détention, Paul Watson, le fondateur de Sea Shepherd, arrêté le 21 juillet au Groenland à la demande du Japon, va être auditionné mercredi 23 octobre par un juge groenlandais qui devra examiner son maintien en détention. William Julié, l'un de ses défenseurs, annonce mercredi sur franceinfo qu'ils allaient "saisir les Nations unies" pour dénoncer une détention "arbitraire".
"Je mets un point d'honneur d'être à côté de Paul lors de chaque audience", affirme sur France Inter la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali. "Malheureusement, je n'en attends absolument rien. Je pense que ce sera exactement la même parodie de justice. C'est-à-dire un juge qui refuse d'analyser les preuves et une procureure complètement à charge."
"C'est ridicule et politique", réagit de son côté au micro de France Culture Me William Julié, l'un des avocats de Paul Watson. Le défenseur des baleines âgé de 73 ans, a été arrêté fin juillet sur la base d'un mandat d'arrêt international lancé par le Japon en 2012 pour "conspiration d'abordage" lors de heurts avec un baleinier nippon en 2010. Me William Julié a "regardé des heures de vidéos" afin de comprendre les accusations visant son client. "On lui reproche d'avoir jeté une bouteille dans laquelle il y avait du beurre pourri" et "blessé" des marins, détaille l'avocat. Il juge cela "physiquement impossible", soutenant que la bouteille ne contenait "pas de gaz". Il évoque également l'existence de vidéos "montrant que de l'autre côté, et dans la minute et demi précédant le jet de la bouteille, les marins japonais tiraient avec des bonbonnes de gaz lacrymogène avec un jet qui leur est revenu au visage".
Une demande d'extradition "politique"
Me William Julié qualifie sur France Culture la demande d'extradition du Japon de "politique". Il affirme que les autorités nippones veulent "aujourd'hui atteindre Paul Watson" qui, selon lui, "représente un symbole". "Quand un État comme le Japon, qui est une puissance économique importante, se mobilise, c'est plus compliqué de renverser les pièces sur l'échiquier que lorsqu'on n'a pas une puissance économique contre soi", ajoute l'avocat.
"Nous avons saisi le rapporteur spécial chargé des questions environnementales", liste Me William Julié au micro de France Inter. "Nous entendons saisir le comité de travail sur la détention arbitraire. En troisième pan, au niveau d'Interpol, nous dirons qu'Interpol n'aurait pas dû laisser dans le système une notice rouge", ajoute l'avocat. Si le ministre de la Justice du Danemark décide d'extrader Paul Watson vers le Japon, ses avocats promettent de contester, de saisir la cour suprême danoise et, s'il le faut, la Cour européenne des droits de l'Homme.
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