Climat : "On risque de perdre 90% des glaciers tropicaux d'ici à la fin du siècle", alerte la glaciologue Heidi Sevestre
"Si on continue à brûler autant d'énergies fossiles qu'aujourd'hui, on risque de perdre 90 % des glaciers tropicaux d'ici à la fin du siècle", alerte mardi 4 juin sur franceinfo la glaciologue Heidi Sevestre, autrice du livre "Sentinelle du climat", aux éditions HarperCollins. Le Venezuela voit en ce moment disparaître son unique glacier, il se trouvait à 4 940 mètres d'altitude et s'étendait sur 450 hectares. Aujourd'hui, il n'en reste qu'une plaque de neige glacée de deux hectares.
"Le fait qu'on ait encore des glaciers dans les tropiques, c'est quand même assez extraordinaire, mais malheureusement, ces glaciers, ce sont les premiers à tomber", regrette la glaciologue. Les glaciers tropicaux "ressentent extrêmement rapidement l'élévation des températures, on voit que l'isotherme zéro degré, soit la limite pluie-neige, remonte d'année en année", explique-t-elle. Le glacier vénézuélien est situé à 4 940 mètres d'altitude, or "pour un glacier dans les tropiques, c'est vraiment à la limite pluie-neige, et malheureusement, le Corona est devenu trop petit pour être qualifié de glacier et d'ici à quelques années, il aura certainement disparu". Elle garde cependant espoir pour certains glaciers, notamment "au Pérou, et en Bolivie, fort heureusement on a encore des glaciers jusqu'à 6 000 mètres d'altitude, et l'altitude les sauvera".
"Importance patrimoniale et culturelle"
"Une chose est certaine, c'est que si on continue à brûler autant d'énergies fossiles qu'aujourd'hui, on risque vraiment de perdre 90 % de ces glaciers tropicaux d'ici la fin du siècle", alerte-t-elle. Parmi les autres glaciers tropicaux menacés, se trouvent "les glaciers du Kilimanjaro" en Tanzanie, ceux "des monts Rwenzori en Ouganda" qu'elle apprécie particulièrement, "c'est extraordinaire parce que c'est la source la plus haute et la plus permanente du Nil", "il y a encore un petit glacier au Kenya", et "sûrement les plus surprenants, ce sont les glaciers que l'on trouve en Papouasie, deux tout petits glaciers surveillés par Jakarta".
Ces glaciers sont importants, car ils "restent une réserve en eau qui va être utilisée une partie de l'année, et c'est aussi d'une importance patrimoniale et culturelle", analyse Heidi Sevestre. "Pour ces populations, c'est une partie de leur identité, de leur âme, qui disparaît avec les glaces", conclut-elle.
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