COP28 : "Cet accord marque un tournant, mais ce n'est pas la décision historique dont on avait besoin", analyse Fanny Petitbon, de l'ONG Care

Alors qu'un accord a été trouvé mercredi à la COP28 organisée à Dubaï, la responsable plaidoyer de l'ONG Care France, invitée sur franceinfo, pointe les limites de l'engagement.
Article rédigé par franceinfo
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Dubaï, le 13 décembre 2023 (HANNES P ALBERT / DPA)

Fanny Petitbon, responsable plaidoyer pour l’ONG Care France, ne parle pas d'accord "historique" mercredi 13 décembre sur franceinfo mais voit dans cette fin de la conférence des parties sur le changement climatique (COP28), organisée à Dubaï, un "tournant", "un signal très fort, c'est le début de la fin pour les énergies fossiles. Mais ce n'est pas la décision historique dont on avait besoin pour éviter le chaos climatique."

Franceinfo : Est-ce que pour vous aussi cet accord de la COP 28 trouvé ce mercredi matin est historique ?

Fanny Petitbon : Non, on n'utilise pas ces mots parce que, il faut le reconnaître, cette COP marque un tournant, elle envoie un signal très fort, c'est le début de la fin pour les énergies fossiles. Mais ce n'est pas du tout la décision historique dont on avait besoin pour éviter le chaos climatique et pour rester sous 1,5 degré de réchauffement climatique. On avait besoin d'un engagement, non pas juste s'éloigner des énergies fossiles, mais en sortir complètement au plus tard en 2050. Pour les petits États insulaires, c'est véritablement un enjeu de survie.

Les États insulaires restent en danger ?

Tout à fait. Ils restent en danger parce qu'il n'y a pas cet engagement à sortir complètement de toutes les énergies fossiles et rapidement. Certes, le texte dit qu'il faut accélérer les efforts entre maintenant et 2030 parce qu'on sait que la fenêtre d'opportunité qu'on a pour donner toutes les chances de rester sous les 1,5 degré. Mais surtout, ce qui est problématique, c'est qu'il n'y a pas le nerf de la guerre : l'argent. L'argent pour aider les pays en développement à s'engager dans une réelle transition énergétique. On a des pays comme le Nigéria qui ont des réserves fossiles dans leur sol, qui sont prêts à les exploiter pour pouvoir dégager de l'argent et se développer. On leur dit "non, ne le faites pas", à juste titre pour protéger la planète, mais dans ce texte, il n'y a pas du tout de garantie qu'on va leur donner les moyens financiers et les moyens technologiques pour le faire rapidement.

Il y a quand même un fonds international qui a été acté le premier jour de cette COP28...

Certes, c'était une avancée historique, mais c'était un fonds pour réparer les impacts les plus sévères qui sont déjà là (655 millions de dollars, montant largement insuffisant selon les défenseurs de l'environnement). Mais il n'y a pas d'engagement financier pour l'instant sur la transition énergétique.

La France salue cet accord, elle salue aussi la mention du nucléaire dans l'accord. C'est la solution énergétique aux énergies fossiles ?

Alors non, ce n'est pas non plus notre position. Il n'y a pas que le nucléaire, il y a aussi des technologies de capture/stockage du carbone. En fait, il y a une espèce de bal de fausses solutions, de distractions dangereuses qui sont rentrées dans ce texte. Pour nous, ce qui est important, c'est l'engagement qu'il y a à tripler les capacités d'énergies renouvelables d'ici 2030, à doubler l'efficacité énergétique. Ça, ce sont des mentions très intéressantes et c'est ce sur quoi il faut bâtir. Les énergies renouvelables n'ont jamais été aussi peu chères, aussi abordables que maintenant. Donc c'est sur cette source d'énergie qu'il faut investir.

Est-ce que ce texte, qui a été acté ce mercredi, permet de respecter l'objectif des 1,5 degré inscrit dans l'accord de Paris (COP21) en 2015 ?

Non, le texte, comme il est à l'heure actuelle, ne le permet pas.

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