COP26, neutralité carbone, gaz à effet de serre... Le vocabulaire à connaître pour tout comprendre des négociations sur le climat
Afin que plus rien ne vous échappe lors de la conférence internationale qui se déroule à Glasgow, franceinfo vous propose un petit lexique climatique.
Les "NDC" réduisent-elles suffisamment "l'empreinte carbone" des pays émetteurs de "GES" ? Le "marché carbone" est-il un aspect de la "mitigation" ? Non, ne fuyez pas ! Alors que le sommet de l'ONU pour le climat, la COP26, s'est ouvert dimanche 31 octobre à Glasgow (Ecosse), le jargon climatique et environnemental s'invite dans les articles de nombreux médias généralistes, y compris ceux de franceinfo. Parce qu'ils renferment des concepts précis, ces termes sont souvent difficiles à éviter et indispensables pour comprendre ce qu'il se trame sur le front de la lutte contre le changement climatique. Pour que plus rien ne vous échappe, franceinfo vous propose un petit lexique climatique.
COP
Littéralement : Conférence des parties. Les parties désignent les 195 pays + l'Union européenne, signataires de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Il y a généralement une COP par an (la première a eu lieu à Berlin en 1995). L'épidémie de Covid-19 ayant empêché la tenue de la conférence en 2020, nous assistons en Ecosse à la 26e COP, la COP26.
Emissions de gaz à effet de serre
L'effet de serre est un phénomène naturel au cours duquel des gaz, en entrant dans l'atmosphère, provoquent une hausse de la température à la surface de la Terre. Parmi eux, le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4). Le premier provient de l'utilisation de carbone fossile (pétrole, gaz naturel et charbon, notamment pour l'industrie, le chauffage et les transports) ou encore de la fabrication du ciment. Le second de l'agriculture intensive.
Quand on veut parler de tous ces gaz en même temps, on écrit donc "gaz à effet de serre", qui peut être raccourci avec l'acronyme "GES". On parle aussi d'émissions de gaz à effet de serre causées par l'activité humaine ou d'origine anthropique. Comme elles sont la principale cause du réchauffement climatique, le défi consiste à les réduire pour empêcher que la température globale de la Terre n'augmente trop.
L'objectif de 1,5 °C d'ici 2100
L'accord de Paris, rédigé à l'occasion de la COP21 en 2015, prévoit que les pays signataires s'engagent à tout mettre en œuvre pour contenir la hausse de la température moyenne de la planète sous 2 °C, idéalement sous les 1,5 °C, par rapport aux niveaux préindustriels. Si vous pensez qu'on a de la marge, détrompez-vous : les températures enregistrées sur Terre entre 2014 et 2019 affichaient déjà une augmentation estimée entre 1,1 à 1,2 °C. Sachant que le Giec a calculé que nos émissions actuelles provoquaient une hausse d'environ 0,2 °C par décennie, la limite des 1,5 °C est désormais toute proche.
Selon les experts du Giec, dépasser les 2 °C entraînerait des conséquences catastrophiques et irréversibles (vagues de chaleur, sécheresse, inondations, hausse du niveau des océans, tempêtes et phénomènes météorologiques extrêmes). Une hausse de 1,5 °C n'empêcherait pas de telles catastrophes de se produire mais pourrait en réduire la fréquence et les effets.
Les CDN (ou NDC)
Les CDN, pour "contributions déterminées au niveau national" ("Nationally Determined Contributions" en anglais), correspondent aux engagements pris par les Etats dans la foulée de l'accord de Paris pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Il s'agit généralement d'objectifs pris à l'horizon 2030 et 2050.
A l'occasion de la COP26, il est attendu que les pays présentent des CDN plus ambitieuses, gages d'efforts supplémentaires pour réduire les émissions. Car en septembre, l'ONU a estimé qu'en l'état, la somme des contributions des 191 parties signataires en 2015 conduirait à une augmentation de 16% des émissions mondiales en 2030 par rapport à 2010, avec à la clé une hausse "catastrophique" de la température d'environ 2,7 °C d'ici à la fin du siècle.
Atténuation et adaptation
Dans le jargon onusien, atténuation (ou mitigation) renvoie à tout ce que l'on met en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. L'adaptation, en revanche, consiste à se préparer à faire face aux effets déjà inévitables du changement climatique. Préparer les communautés côtières à faire face à la montée des eaux, s'assurer que les infrastractures supportent des températures extrêmes ou encore construire des logements adaptés aux futures conditions climatiques contribuent à cette adaptation.
La neutralité carbone
On appelle "neutralité carbone" le fait de ne pas émettre davantage de gaz à effet de serre que ce que la planète peut absorber. Car la nature est capable de se charger elle-même de transformer une partie du CO2, grâce aux forêts et aux océans notamment. Mais nous produisons tellement de GES que ces puits naturels ne suffisent pas et le dioxyde de carbone s'accumule à des niveaux records dans l'atmosphère, provoquant la hausse rapide des températures.
Viser la neutralité carbone, c'est donc réduire drastiquement nos émissions, de sorte que celles restantes, dites incompressibles, n'excèdent plus ce que la nature peut gérer elle-même. Cette notion, façonnée par les experts du Giec et adoptée comme objectif à l'horizon 2050 par de nombreux pays dans leurs CDN, ne fait pas l'unanimité. Les plus critiques craignent que les Etats ne cherchent à compenser leurs émissions en plantant des forêts, par exemple, plutôt que de les réduire drastiquement.
La compensation carbone
Si vous achetez un billet d'avion Paris-Malaga et que la compagnie aérienne vous assure qu'en contrepartie elle plantera des arbres en Bolivie ou qu'elle soutiendra l'installation de panneaux solaires en Ethiopie, elle fait ce qu'on appelle de la "compensation carbone". Le principe consiste à continuer d'émettre du CO2 tout en préparant les conditions d'absorption de ces émissions. Mais cette stratégie est controversée. Ces détracteurs arguent qu'il faut réduire coûte que coûte les émissions et non les compenser. D'autre part, il est périlleux d'annoncer à l'avance que tel ou tel projet portera ses fruits : si la forêt plantée par la compagnie aérienne part en fumée dans un incendie, la compensation aussi.
L'empreinte carbone
L'empreinte carbone mesure les émissions de GES associées à l'ensemble des biens et services consommés dans un pays (qu'ils soient produits sur son territoire ou à l'étranger). Votre empreinte carbone personnelle comptabilise donc les gaz à effet de serre induits par votre consommation, en incluant la fabrication de votre smartphone ou de vos vêtements, même s'ils sont made in China ou made in India.
Atention à ne pas confondre l'empreinte carbone avec l'inventaire national qui mesure les émissions émises à l'intérieur d'un pays, par les ménages (voitures et logements) et les activités économiques (consommation d'énergies fossiles, procédés industriels et émissions de l'agriculture). Ces deux indicateurs peuvent être rapportés par personne et par an.
Les marchés carbone
Aussi appelés "systèmes d'échange de quotas d'émissions" (ETS, pour l'acronyme anglais), le système des marchés carbone a été mis en place au sein de l'Union européenne dès 2005 (et dans une quarantaine de pays du monde). Il permet aux producteurs d'électricité et autres industries gourmandes en énergie (sidérurgie, ciment...) d'acheter et de revendre des quotas d'émissions, sortes de "droits à polluer", sur le modèle des marchés financiers.
Concrètement, la Commission européenne définit un plafond d'émissions pour une durée donnée. Ces futures émissions sont réparties entre les acteurs du marché, sous forme de quotas échangeables : si, à l'issue de la période définie, une entreprise a émis plus de CO2 que ne l'autorisent les quotas dont elle dispose, elle peut en racheter à une autre société, qui en aura émis moins. Faute de quoi, elle devra payer une amende. A l'entreprise de décider si elle préfère payer ou racheter des quotas, plutôt que d'investir dans les technologies qui lui permettront de baisser ses émissions. Pour les inciter à aller dans ce sens, Bruxelles diminue chaque année les quotas alloués.
Les financements climatiques
La mitigation et l'adaptation coûtent cher, surtout pour les pays en développement. Ces derniers émettent peu de CO2, mais sont souvent les plus exposés aux effets du changement climatique. On parle des finances climat pour désigner les aides attendues par ces pays afin de faire face à la crise climatique. Les pays développés ont promis, à Copenhague en 2009, puis à Paris en 2015, de leur allouer 100 milliards de dollars par an.
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