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Environnement : "La Méditerranée est une région témoin du changement climatique global", explique un climatologue

Christophe Cassou, climatologue, alerte sur les vagues de chaleur sous-marines, de plus en plus fréquentes, qui agissent comme de "véritables incendies" dans les mers et les océans.
Article rédigé par franceinfo
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La Méditerranée est particulièrement soumise aux canicules sous-marines. (VINCENT FEURAY / HANS LUCAS VIA AFP)

"La Méditerranée est une région témoin du changement climatique global", explique ce mercredi sur franceinfo Christophe Cassou, climatologue et directeur de recherche au CNRS et au Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs). Coauteur du sixième et dernier rapport du Giec, il revient sur les événements extrêmes qui frappent en ce moment le pourtour méditerranéen, à savoir des températures proches des records et de nombreux incendies de forêt en Grèce, en Italie ou en Tunisie. Ces événements démontrent selon l'expert que la "Méditerranée est un hot spot, c'est-à-dire qu'elle concentre vraiment les risques climatiques".

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Christophe Cassou évoque également les "vagues de chaleur marines". "Ce sont de véritables incendies sous-marins qui ravagent la biodiversité dans un silence assourdissant", regrette le climatologue. Il considère qu'il faut voir dans ces événements météorologiques extrêmes les effets du réchauffement climatique "qui s'intensifient" et qui promettent de se multiplier et de se renforcer "avec chaque fraction de degré de réchauffement". Le climatologue coauteur du dernier rapport du Giec insiste sur le fait que cette trajectoire avait déjà été "projetée, évaluée" et "présentée dans les différents rapports". "On est passé du déni du climato-scepticisme à un déni de notre vulnérabilité", indique-t-il.

La neutralité carbone pour limiter le dérèglement climatique

Face à ce constat, dans son dernier rapport, le Giec avait jugé insuffisants les engagements et les actions pris par de nombreux pays. Pour Christophe Cassou, "il y a une seule solution pour limiter le réchauffement climatique" et c'est "la neutralité carbone". Le climatologue plaide pour "la diminution extrêmement forte de nos émissions carbone" et souhaite qu'on arrive ainsi "à ce que plus aucune molécule de CO2 dans l'atmosphère ne s'accumule". Il considère que la neutralité carbone est "une contrainte géophysique" et non "un choix politique". "Le fonctionnement du système climatique nous dit que tant que le CO2 s'accumulera dans l'atmosphère, la température augmentera", insiste l'expert.

Christophe Cassou alerte sur l'irréversibilité du dérèglement climatique. "Le changement climatique est un voyage sans retour et en territoire inconnu", note-t-il. Il maintient cependant que les humains ont encore une carte à jouer puisqu'il est encore possible de "limiter le réchauffement et les risques qui y sont associés". Citant le dernier rapport du Giec dont il est l'un des coauteurs, Christophe Cassou assure que "si on arrête d'émettre les émissions de gaz à effet de serre aujourd'hui, la température globale de la planète et les événements extrêmes associés se stabilisent". "On a tout entre nos mains, les solutions existent", affirme-t-il.

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