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De l'eau fortement radioactive a été découverte à l'extérieur du bâtiment abritant le réacteur n°2 et sa turbine

"Nous avons retrouvé de l'eau accumulée dans des puits de regard d'une tranchée souterraine débouchant à l'extérieur du bâtiment, avec un niveau de radioactivité supérieur à 1000 millisieverts par heure", a annoncé lundi un porte-parole de Tepco.Ces puits sont situés à 60 m du Pacifique. L'eau contaminée pourrait avoir ruisselé jusqu'au rivage.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Ouvriers irradiés à la centrale nucléaire lors de leur déplacement au centre médical de Fukushima, le 25 mars 2011 (JIJI PRESS)

"Nous avons retrouvé de l'eau accumulée dans des puits de regard d'une tranchée souterraine débouchant à l'extérieur du bâtiment, avec un niveau de radioactivité supérieur à 1000 millisieverts par heure", a annoncé lundi un porte-parole de Tepco.

Ces puits sont situés à 60 m du Pacifique. L'eau contaminée pourrait avoir ruisselé jusqu'au rivage.

"Nous sommes en train de vérifier si l'eau peut avoir été directement en contact avec la mer", a-t-il poursuivi. Les tranchées "servent à accueillir des canalisations et des câbles électriques. Elles ressemblent à des tunnels", a expliqué le porte-parole de Tepco.

Des ouvriers ont découvert vendredi une nappe d'eau d'un niveau de radioactivité identique dans le sous-sol de la salle des machines du réacteur 2, mais c'est la première fois que les ingénieurs de Tepco annoncent la présence de cette eau polluée à l'extérieur.

Le porte-parole de Tepco a ajouté que de l'eau contaminée avait également été trouvée à l'extérieur des bâtiments des réacteurs 1 et 3, mais à des niveaux de radioactivité très inférieurs. "Au niveau du réacteur 1, le taux a été mesuré à 0,4 millisievert par heure à la surface de l'eau, mais les ouvriers n'ont pas pu faire des relevés derrière le réacteur 3, en raison des décombres" causés par les explosions, a-t-il précisé.

Une accumulation problématique, selon des experts américains

L'accumulation d'eau hautement radioactive à la centrale nucléaire de Fukushima au Japon est problématique en termes de stockage et de traitement, ont estimé lundi des experts américains. "Il y a un énorme volume d'eau contaminée par de la radioactivité (...) et il est difficile de savoir d'où vient cette eau qui ne devrait pas se trouver là en d'aussi grandes quantités", a expliqué Dave Lochbaum, un ingénieur nucléaire de l'Union of Concerned Scientists (UCS), un organisme scientifique américain indépendant à but non lucratif. Il a noté que des fuites d'eau avaient été détectées dans les bâtiments près des réacteurs 1, 2 et 3 du complexe, ce qui "pose des problèmes pour les employés".

"Ils doivent maîtriser ce problème, trouver des endroits pour stocker cette eau et des usines capables de la traiter pour retirer autant de radioactivité que possible", a jugé cet expert. "Je ne veux pas critiquer le fait qu'il ait fallu utiliser toute cette eau mais les autorités japonaises doivent rapidement se saisir de ce problème", a-t-il ajouté, notant avec satisfaction que les techniciens avaient cessé d'injecter de l'eau de mer pour utiliser de l'eau douce.

Les techniciens poursuivent leur travail
Les techniciens du site de Fukushima poursuivent leur bataille pour empêcher une aggravation de la situation dans la centrale nucléaire endommagée.

Plus de 700 techniciens travaillent 24 heures sur 24 depuis plus de deux semaines pour prévenir une surchauffe des six réacteurs de Fukushima-Daiichi lourdement endommagés par le séisme et le tsunami du 11 mars. Mais ils ont dû évacuer certaines parties du site, à 240 km au nord de Tokyo, quand trois des leurs ont été irradiés jeudi et deux ont été hospitalisés pour des brûlures, de l'eau radioactive ayant pénétré à l'intérieur de leurs bottes. "Nous devons essayer de réduire les retards autant que possible, mais nous devons aussi nous assurer que les gens qui travaillent sur le site sont en sûreté", a déclaré un responsable de l'agence de sûreté nucléaire japonaise.

Les techniciens sont parvenus récemment à connecter les six réacteurs au réseau électrique et ont pu remettre en marche l'une des pompes qui assurent leur refroidissement. Deux des réacteurs étaient alors considérés comme à l'abri d'un incident, dans une situation dite d'"arrêt à froid". Les quatre autres restent fragiles et émettent périodiquement de la vapeur et de la fumée.

L'armée américaine doit aider à refroidir les réacteurs grâce à deux vedettes capables de fournir 2 millions de litres d'eau, a précisé le ministre de la Défense japonais Toshimi Kitazawa.

Trois techniciens irradiés
Les trois techniciens irradiés ont reçu une dose de 170 à 180 millisieverts, a précisé l'Agence internationale de l'énergie atomique. La dose moyenne encaissée par un employé de centrale nucléaire est de 50 millisieverts en cinq ans. L'opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power, a relevé cette limite à 100 millisieverts par heure pour les travaux d'urgence. Tepco a expliqué que les employés étaient équipés de compteurs Geiger mais qu'ils avaient ignoré une alarme qui a sonné.

Le niveau de radiation accumulé en 24 heures à 30 km au nord-ouest de la centrale dépasse le seuil annuel des doses de radioactivité naturelle. Le gouvernement n'a pas modifié ses consignes concernant le no man's land autour du site, dont le rayon reste fixé à 20 km. Il a incité vendredi les habitants situés entre 20 et 30 km de la centrale, qui devaient jusqu'ici rester calfeutrés chez eux, à partir également, non pas en raison d'un risque sanitaire mais parce que leur vie quotidienne est perturbée. Des spécialistes assurent que les rayonnements qui s'échappent de la centrale sont encore largement inférieurs à ceux d'un vol par avion ou d'une radio chez le dentiste.

Le point sur les réacteurs de Fukushima
Quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima sont gravement accidentés. Etat des lieux lundi:

Réacteur 1: l'électricité a été partiellement rétablie dans la salle de contrôle, où l'éclairage a été allumé. Le système de refroidissement est toujours arrêté. De l'eau radioactive (0,4 millisievert) a été retrouvée au sous-sol de la salle des machines, ainsi que dans un tunnel souterrain débouchant sur l'extérieur du bâtiment. Une pompe électrique a été installée pour l'évacuer dans la cuve du condensateur.

Réacteur 2: l'électricité a été partiellement rétablie dans la salle de contrôle, où l'éclairage a été allumé. Le système de refroidissement est toujours arrêté. La piscine de stockage du combustible irradié, située dans le bâtiment du réacteur au-dessus de l'enceinte de confinement, est enfin revenue à son niveau normal. De l'eau hautement radioactive (1.000 millisieverts) a été retrouvée au sous-sol de la salle des machines, ainsi que dans un tunnel souterrain débouchant sur l'extérieur du bâtiment (6.000 m3). Aucun pompage n'a pu débuter en raison de la forte radioactivité.

Réacteur 3: c'est le plus endommagé par une explosion et un début d'incendie. L'électricité a été partiellement rétablie le 22 mars dans la salle de contrôle, où l'éclairage a été allumé. Le niveau d'eau dans la piscine de stockage du combustible irradié reste incertain. De l'eau hautement radioactive (750 millisieverts) a inondé le sous-sol de la salle des machines, ainsi qu'un tunnel souterrain débouchant sur l'extérieur du bâtiment. Pas de pompage possible en raison de la radioactivité.

Réacteur 4: raccordé au réseau électrique, mais aucun équipement mis sous tension jusqu'ici. Le niveau d'eau dans la piscine de stockage du combustible irradié est revenu à un niveau normal. De l'eau contaminée a là aussi envahi le sous-sol de la salle de la turbine. Le niveau de radioactivité est suffisamment faible pour permettre des travaux de pompage.

Réacteurs 5 et 6: le système de refroidissement est alimenté en électricité et fonctionne.

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