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L'eau en bouteille, non grata sur des campus américains

Des étudiants de différentes universités ont réussi à faire interdire la vente d'eau embouteillée pour des raisons sanitaires et écologiques. Les industriels organisent la riposte.

Article rédigé par franceinfo
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Des bouteilles d'eau sur une ligne de production de Nestlé, le 19 janvier 2010 à Vittel (Vosges). (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Cachez ces bouteilles que je ne saurais boire. Depuis quelques mois, les distributeurs automatiques de boissons de certaines universités américaines ne proposent plus d'eau embouteillée. En cause : des risques sanitaires et écologiques avancés par de nombreux étudiants militants, qui suggèrent de se contenter du robinet. Une campagne que goûtent peu les embouteilleurs.

La vengeance des gourdes

Au total, ce sont plus de vingt universités qui ont interdit ou limité les ventes de bouteilles d'eau sur leur campus, selon une association citée par la radio publique américaine NPR. Plusieurs villes ont également rejoint le combat, de même que le parc national de Grand Canyon (Arizona) qui a annoncé l'arrêt des ventes d'eau dans des récipients de moins de 3 litres.

Parmi les raisons invoquées, la campagne "Think Outside the Bottle" (Pensez en dehors de la bouteille) avance que "l'eau en bouteille est moins régulée que l'eau en robinet" et constitue donc un risque sanitaire. L'argument environnemental est aussi prépondérant, du fait des émissions de gaz à effet de serre générées par la production des contenants. Le combat a par ailleurs une dimension anticapitaliste : il s'agit de refuser l'appropriation et la mercantilisation des ressources en eau par des entreprises.

Et sans bouteille dans les machines, les boutiques et les cafétérias, on fait comment ? Les étudiants appellent leurs homologues à s'équiper de gourdes réutilisables et à utiliser les fontaines à eau. "Nous essayons vraiment de faire en sorte que les étudiants s'habituent à conserver leur bouteille", explique Clare Pillsbury, une étudiante de Macalaster College (Minnesota) citée par NPR.

L'industrie contre-attaque

L'association internationale de l'eau en bouteille (IBWA) a publié une vidéo le 1er février pour éteindre l'incendie. Dénonçant une "désinformation" d'étudiants dirigée vers leurs camarades, les industriels se moquent du mouvement et rétorquent que leur eau est plus saine que celle qui s'écoule des robinets, à l'origine de "16,4 millions de maladies tous les ans".

Le président de l'IBWA, Joe Doss, estime que la liberté de choix des consommateurs doit être préservée. Selon lui, l'eau en bouteille représente une saine alternative aux boissons sucrées et ses récipients sont parmi les plus faciles à recycler.

La France ouvre le robinet

L'Hexagone a connu un débat sur l'eau embouteillée en 2010. Entre 2006 et 2009, les ventes ont baissé de près de 20% en France, rapportait alors Rue 89, qui recensait les ripostes "maladroites" d'Evian et Vittel.

Dans ce pays de "grands consommateurs d'eau en bouteille (plus de 100 litres par personne et par an)", le gouvernement a pris position en faveur du robinet, avançant dans une brochure du ministère de l'Ecologie que "cela permet d'économiser environ 10 kg de déchets par an et par personne"

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