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La catastrophe au Japon a relancé le débat sur la sécurité nucléaire en France et en Europe

Qu'en est-il des systèmes de prévention et de gestion des risques et quels sont les enseignements à tirer de ce qui se passe au Japon ?Pour Patrick Lagadec, directeur de recherche à l'Ecole Polytechnique et spécialiste de la gestion des crises et des risques, on entre dans une nouvelle ère, où il va falloir se questionner et faire preuve de vision.
Article rédigé par France2.fr
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Exercice dans le cadre d'un simulation de séisme dans le sud de l'Alsace, confronté à un risque sismique (février 2010) (AFP / Sébastien Bozon)

Qu'en est-il des systèmes de prévention et de gestion des risques et quels sont les enseignements à tirer de ce qui se passe au Japon ?

Pour Patrick Lagadec, directeur de recherche à l'Ecole Polytechnique et spécialiste de la gestion des crises et des risques, on entre dans une nouvelle ère, où il va falloir se questionner et faire preuve de vision.

Pour Patrick Lagadec, on a affaire, avec le désastre japonais, à un "choc violent en dehors des conditions habituelles". Quand il se produit des chocs pareils, il faut considérer "l'ensemble des systèmes". Cela suppose "un travail de fond qui va demander beaucoup de te:mps". Et il va falloir travailler "avec le maximum de hardiesse et de modestie".

Qu'est-ce qu'il va falloir faire ?
"Il s'agit là de quelque chose de beaucoup plus important qu'un accident d'autocar" et on a affaire à des enjeux bien plus importants. Le travail devra se faire "au niveau des spécialistes, des autorités, des associations. Il faut prendre toute la mesure de la nouvelle donne."

"La sécurité est un long combat" et contrairement à l'époque de Tchernobyl, "il ne s'agit pas de faire de la ligne Magino". La gestion des risques "suppose de la vision et du questionnement. On est sur des terrains nouveaux en termes de risque, avec une interconnexion entre des niveaux hyperlocal, local, national et international".

Avec l'usage intensif de l'information numérique, est-ce que la donne a changé ? Pourrait-on gérer l'information comme on l'a fait au moment de Tchernobyl ?
"On est dans une situation qui a radicalement changé. S'il n'y a pas de la bonne information officielle, les gens iront chercher ailleurs. Là aussi, les enjeux sont nouveaux, avec de nouvelles règles. Il ne s'agit plus de faire une déclaration officielle à la grand-messe du 20 heures. Ce qui va compter, c'est l'apport de sens.

Le moindre repli sur des positions rigides donnera lieu à une perte de crédibilité instantanée. On n'est plus en 1990, on est au XXIe siècle."

Sera-t-on capable de ces changements ?
"Ce n'est pas évident, cela va demander une grande capacité d'intelligence stratégique. Il faudra que celui qui fait l'information conserve une vision stratégique qui fasse sens, alors qu'il est en terrain inconnu, en dehors des chemins balisés. Il ne s'agit pas de puiser dans un stock de réponses mais d'inventer en responsabilités, et avec d'autres, dans un terrain mouvementé."

Propos recueillis par Valérie Oddos

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