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Les probabilités que se produise un séisme comme celui qui a dévasté Port-au-Prince étaient fortes affirment des experts

Vu la structure et les lents mouvements de la faille qui court à quelques kilomètres au sud de Port-au-Prince, plusieurs experts avaient prévenu qu'une activité sismique majeure se préparait dans la région de la capitale haïtienne.Selon leurs analyses, ce tremblement de terre, le plus important à Haïti depuis 1770, devrait être suivi de répliques.
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Localisation des plaques tectoniques dans les Caraïbes (AFP)

Vu la structure et les lents mouvements de la faille qui court à quelques kilomètres au sud de Port-au-Prince, plusieurs experts avaient prévenu qu'une activité sismique majeure se préparait dans la région de la capitale haïtienne.

Selon leurs analyses, ce tremblement de terre, le plus important à Haïti depuis 1770, devrait être suivi de répliques.

"C'est le séisme le plus important que nous ayons enregistré dans une zone de 200 km depuis 1770", a indiqué John Bellini, géophysicien de l'Institut géologique américain (USGS), rappelant que le tremblement de terre historique qui détruisit Port-au-Prince le jour de la Pentecôte 1770 n'avait pas été mesuré de manière scientifique.

Tout les séismes ultérieurs n'ont pas dépassé une magnitude de 6.0 hormis la secousse de 6.7 de juin 1984 en République dominicaine. Le séisme de mardi avait une magnitude de 7.

Patrick Charles, ex-professeur à l'Institut géologique de La Havane, a assuré en octobre 2008 que "les conditions étaient réunies pour une activité sismique majeure à Port-au-Prince". "Les habitants de la capitale haïtienne doivent se préparer à un événement inévitable", écrivait ce professeur dans le journal haïtien Le Matin.

L'ingénieur et géologue haïtien, Claude Prépetit, avait averti, lors d'une conférence en octobre 2009, qu'"Haïti est un lieu à haut risque". "Plus la période de récurrence est longue, plus les risques sont énormes", avait alerté ce conseiller technique au Bureau des mines et de l'énergie de Haïti, selon le journal haïtien Le Nouvelliste. "L'énergie élastique s'accumule très lentement dans le sol au point que plusieurs générations d'hommes et de femmes en arrivent à ignorer les activités sismiques survenues dans le passé", soulignait-il encore dans un rapport récent.

Selon John Bellini, de l'Institut géologique américain, la structure de la faille est similaire aux failles de Turquie ou de San Andreas en Californie. "En l'occurrence, ici les plaques se déplacent de 7 millimètres par an mais le mouvement n'est pas constant, parfois cela bloque, l'énergie s'accumule jusqu'au point où la croûte terrestre craque. C'est un tremblement de terre", a expliqué John Bellini.

Ce séisme était attendu à défaut d'être prévisible en raison de la proximité d'une faille "décrochante" qui traverse les Caraïbes, selon un chercheur de l'Institut de physique du globe de Strasbourg. "On sait que Port-au-Prince a été détruite en 1751 et en 1771 par des séismes. Si c'est la même faille qui a rompu, 250 ans après, on a accumulé suffisamment de contraintes pour produire un séisme de telle magnitude", a expliqué Jérôme van der Woerd, qui est également chercheur au CNRS. "Il s'agit d'une faille décrochante ou de coulissage horizontal qui traverse seulement la croûte et permet à la plaque Caraïbe de se déplacer vers l'est par rapport à la plaque nord-américaine", a-t-il précisé.

Une ile secouée par de multiples secousses depuis 1673
Les secousses telluriques ne manquent pas dans l'histoire de l'île, qui repose au sud sur une faille d'est en ouest dite "Enriquillo-Plantain Garden" entre les villes de Pétionville et Tiburon. Des séismes ont ainsi été recensés, entre autres, en 1673, 1751, 1860, 1918, 1922, 1956, 1962.

La très faible profondeur du tremblement de terre de mardi, à 10 km dans la croûte terrestre alors que certaines secousses telluriques peuvent intervenir à 700 km de profondeur, a causé davantage de dégâts qu'un séisme plus profond "car la secousse est plus forte", a expliqué M. Bellini. "Un tremblement de terre de même magnitude situé à 200 km de profondeur n'aurait pas fait autant de dégâts", assure-t-il.

De multiples répliques sont encore à attendre "dans les semaines voire les mois qui viennent", ajoute cet expert de l'USGS qui, moins de 24 heures après la secousse originale, a déjà enregistré 35 répliques, toutes d'une magnitude supérieure à 4.2.

La faille d'Enriquillo
Au contraire des séismes résultant de la plongée verticale d'une plaque tectonique sous une autre, ceux résultant des mouvements latéraux des failles décrochantes restent superficiels. La faille qui a bougé est connue sous le nom de faille d'Enriquillo. Orientée est-ouest et longue de 300 km, elle traverse Haïti et la République Dominicaine, les deux Etats qui se partagent l'île d'Hispaniola, et avance d'environ 8 mm par an.

Cette analyse ne rendait pas pour autant le séisme prévisible, selon Jérôme van der Woerd, des séismes de plus faible amplitude pouvant se produire dans des intervalles de temps plus rapprochés. "On est incapable de dire si ce sera dans quelques mois, quelques jours ou quelques années, mais le potentiel est là", estime le chercheur qui note que la faille n'a rompu "que" sur 50 km. "Les contraintes, aux extrémités de la rupture se sont accrues et il y encore de la place pour d'autres séismes de magnitude 7", conclut-il.

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