Médecins sans Frontières (MSF) a lancé dimanche un appel d'urgence pour que ses avions puissent atterrir en Haïti
Selon l'association, un avion-cargo MSF transportant un hôpital chirurgical gonflable "n'a pas été autorisé à atterrir samedi soir à Port-au-Prince, malgré les autorisations données par les Nations unies et le Département de la Défense des Etats-Unis, et a été dérouté vers Samana, en République Dominicaine".
Tout ce matériel est désormais convoyé par camion, prolongeant les délais d'acheminement à Port-au-Prince de 24 heures. "Un second avion affrété par MSF est actuellement en route et devrait atterrir vers 10H00, heure locale, à Port-au-Prince", prévient l'association qui espère que cette fois tout se passera bien.
Polémique autour de la gestion de l'aéroport de Port-au-Prince par les Américains
Depuis quelques jours, la gestion de l'aéroport de Port-au-Prince par les Américains crée de fortes tensions. Vendredi, un avion français qui avait à son bord un hôpital de campagne avait déjà été refoulé, alors que les moyens pour traiter les blessés manquent cruellement. Cette situation avait immédiatement été dénoncée par le secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet.
Toutefois, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a tenu dimanche à couper court à tout début de polémique sur la coordination de l'aide internationale en Haïti, qualifiant de "tout à fait heureuse" la décision des Américains de la prendre en charge.
"Les Etats-Unis, qui ont chez eux une communauté haïtienne très importante, ont décidé de faire un effort considérable et d'assurer cette coordination. Je crois que c'est une décision qui est tout à fait heureuse, on a besoin de cette coordination", a déclaré Claude Guéant invité du "Grand Rendez-Vous" Europe 1/Le Parisien-Aujourd'hui en France.
Les équipes de MSF n'ont jamais vu de "blessures aussi graves"
Les équipes de Médecins sans frontières en Haïti ont affirmé "ne jamais avoir vu autant de blessures aussi graves" Selon un communiqué dimanche de l'association, depuis leur arrivée, "les unités chirurgicales MSF à Port-au-Prince fonctionnent non-stop" afin de prendre en charge "l'important nombre de personnes blessées suite au séisme".
"La priorité étant donnée aux cas les plus urgents, les équipes ont pratiqué des césariennes et des amputations.""Le personnel médical expérimenté MSF dit ne jamais avoir vu autant de blessures aussi graves", poursuit MSF dans un communiqué diffusé à Paris.
"Enormément d'amputations"
"Malheureusement, nous réalisons énormément d'amputations : de l'ordre de 400 dans les jours qui viennent", déplore un chirurgien, cité dans un communiqué de l'association. "Les conditions sont très précaires, nous n'avons ni électricité ni réseau téléphonique", poursuit-il.
"La situation est catastrophique : l'aide n'arrive pas, les Haïtiens semblent comme abattus", explique encore l'équipe de MDM, qui dit avoir "dormi par terre avec d'autres secouristes et des journalistes" et n'avoir que "peu d'eau et presque pas de nourriture".
Les hôpitaux débordés, la population afflue au centre MSF
Selon l'un des coordinateurs d'urgence de MSF à Port-au-Prince, "la réaction de la population a été immédiate lorsqu'elle a su que nous démarrions des activités médicales d'urgence à Carrefour. La foule s'est alors amassée près de l'entrée. Les patients arrivant sur des charrettes ou à dos d'homme. Il y a d'autres hôpitaux dans la zone, mais ils sont déjà débordés par l'afflux de blessés et disposent d'un nombre limité de personnel et de matériel/médicaments".
Pour l'instant, MSF intervient à l'hôpital Choscal, à l'hôpital de la Trinité et dans le quartier de Carrefour, très sérieusement sinistré.
L'association, qui comptait déjà 30 volontaires sur place au moment du séisme, a pu envoyer 70 personnels internationaux supplémentaires à Port-au-Prince. "Il est de plus en plus évident qu'un nombre important de notre personnel haïtien n'a pas survécu à la catastrophe", termine MSF, qui "tente toujours de localiser les autres et s'inquiète de leur situation".
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