Mégabassines : les autorités craignent des débordements et appellent agriculteurs et opposants au calme

Plusieurs milliers de personnes sont réunies depuis mardi en Poitou-Charentes, avec la commune de Melle, près de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, comme épicentre de la contestation.
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Poitou
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Un "village de l'eau" s'est constitué à Saint-Martin-lès-Melle dans les Deux-Sèvres avec les opposants au projet de mégabassines. (ADRIEN AUZANNEAU / HANS LUCAS via AFP)

Ces bassines sont devenues un symbole de la lutte écologiste. À quelques heures de la manifestation des opposants aux mégabassines, malgré l'interdiction des autorités à Saint-Sauvant, le préfet de la Vienne, Jean-Marie Girier, appelle "chacun au calme et à la responsabilité", sur France Bleu Poitou vendredi 19 juillet.

À l'appel des collectifs "Bassines Non Merci", "Soulèvements de la Terre" et "Stop Mégabassines", plusieurs milliers d'opposants sont réunis depuis mardi en Poitou-Charentes. L’épicentre de la contestation se trouve à Melle, qui abrite le "village de l'eau" près de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Le préfet du département voisin de la Vienne, Jean-Marie Girier, appelle également la population à ne pas se joindre aux manifestations. "Que tous ceux qui veulent mener un combat, pour ou contre les bassines, n'utilisent pas la violence pour se faire entendre", résume-t-il. Jusqu'à 10 000 personnes ont prévu de se rassembler jusqu’à dimanche.

Un vaste dispositif de sécurité

Les précédents rassemblements dans ce secteur, en mars 2023, avaient dégénéré en de vifs affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Une cinquantaine de gendarmes avaient été blessés, ainsi que des activistes, dont un est resté longtemps dans le coma. Pour empêcher de nouveaux troubles, les autorités ont déployé cette semaine un très vaste dispositif de sécurité. 3 000 gendarmes, 5 hélicoptères et une dizaine de drones sont mobilisés.

Les autorités redoutent particulièrement deux évènements interdits par arrêtés préfectoraux. Vendredi midi, dans la Vienne, la grande marche dans la forêt de Saint-Sauvant, ancien maquis de la résistance, pour s'opposer à tout nouveau chantier de bassine poussé par les agro-industriels. Et, samedi matin, la manifestation prévue à La Rochelle, et le possible blocage du port de commerce, elle aussi interdite.

"On craint des crispations, des dérapages et surtout l'utilisation d'armes de guerre comme l'année dernière", redoute pour sa part Christian Héraud, le président de la Ligue des droits de l'homme (LDH) dans les Deux-Sèvres, vendredi matin sur France Bleu Poitou. Il y a quinze mois, la LDH avait pointé un usage disproportionné des armes par les forces de l'ordre. "La réponse inappropriée des forces de l'ordre fait monter la pression et au lieu de faciliter l'apaisement, c'est exactement le contraire qui se passe", explique Christian Héraud. Cette année, il y aura encore plus d'observateurs de la Ligue des droits de l'homme sur place. Ils porteront des chasubles blanches pour être bien identifiables et seront présents pour constater de potentielles restrictions de libertés, documenter aussi le maintien de l'ordre.

Multiplication des contrôles

Les autorités craignent également des affrontements entre les écologistes et les agriculteurs de la Coordination rurale, syndicat classé à droite, qui prévoit des contre-manifestations. "La démocratie, c'est le dialogue. On n'impose rien par la force dans un camp comme dans l'autre", prévient le préfet de la Vienne, qui met en garde les agriculteurs comme les opposants aux réserves d'irrigation. "Si ces manifestations sont interdites, elles le sont pour tout le monde. Pour protéger les biens et les personnes", ajoute Jean-Marie Girier. Le préfet promet "de protéger" les agriculteurs mais leur demande de "ne pas se faire justice eux-mêmes".

Sur réquisition des procureurs, les gendarmes multiplient les contrôles, notamment sur les axes convergents vers "le village de l'eau" à Melle ans les Deux-Sèvres. Des dizaines de couteaux, des liquides inflammables et des artifices ont été saisis. Les services de renseignements estiment que 10% des 10 000 manifestants attendus sont des radicaux potentiellement violents venus de différentes régions et de l'étranger. Les associations organisatrices jugent, elles, que les représentants de l'État annoncent le pire pour "faire peur et justifier la répression".

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